Les surcoûts des grands projets d'infrastructures financés par l'Etat et les retards dans leur réalisation sont revenus au premier plan à la faveur de la présentation d'un guide sur leur management. Que faut-il encore retenir sur le sujet qui n'ait pas encore été dit ? Les projets accusent du retard et coûtent plus cher que prévu. Le surcoût est important car le budget consacré à ces grands projets est énorme aussi. Le gouvernement, après plusieurs années de laisser-faire, essaye d'opérer un contrôle. L'alerte, qui a eu lieu après la chute des prix du pétrole, à la fin de l'année 2008, a contribué à se poser des questions. Les surcoûts sont occasionnés par les retards dans la réalisation. Les retards sont dus au fait qu'il n'y a pas de maîtrise des projets. Derrière l'écran du retard et des surcoûts se cache en réalité la corruption. Le gouvernement a découvert, en 2008, que la facture des services est passée de 4 à 11 milliards de dollars. Elle a enregistré pratiquement un triplement en valeur. De plus, les retards dans la livraison des projets occasionnent aussi des pertes. Cette pratique de l'importation de services résulte d'un fait développé au plus haut niveau de l'Etat ; les secteurs d'activité n'ont fait que suivre un mouvement national d'importation de services. Il est vrai que l'appel aux compétences nationales ne procure pas de ristournes en devises payables dans des comptes ouverts à l'étranger. S'il est vrai que dans certains domaines, l'appel au savoir-faire étranger est nécessaire, il est vrai aussi que dans beaucoup de secteurs, les compétences nationales sont marginalisées parce que les acteurs ne gagnent rien à faire appel à elles. Quand on analyse les dizaines de grands projets actuellement en réalisation dans le pays et quand on comptabilise le nombre de bureaux d'études nationaux ou les compétences qui ont été formées pour ces mêmes secteurs d'activité, on se demande pourquoi les responsables des secteurs concernés n'ont pas associé, au titre même de partenaire, les compétences nationales. Il est vrai que la mentalité de « colonisé » reste vivace. Mais elle n'explique pas tout. Après près d'un demi-siècle d'indépendance, l'Algérie ne dispose toujours pas d'une activité d'engineering à la hauteur de ses ambitions de développement. Dans le secteur stratégique de l'énergie par exemple, à chaque fois qu'il y a une tentative de développement de cette fonction à travers une société, elle a été avortée. Que dire alors des autres secteurs où pourtant il existe de nombreux bureaux d'études et de contrôle pour assurer la fonction d'engineering. A la faveur de la crise de la balance des paiements suite à la chute des prix du pétrole, le gouvernement a découvert la « tare », une tare qui revient très cher au Trésor public. Il faut espérer que cette découverte entraînera une organisation de l'activité d'engineering.