« Il importe beaucoup pour le peuple algérien que la France officielle se décide à reconnaître son implication dans les actes monstrueux et inhumains commis en son nom de 1830 à 1962. » C'est en ces termes que la Fondation du 8 Mai 1945 réagit à Collin de La Verdière, ambassadeur de France à Alger, après son déplacement à Sétif la semaine dernière. Dans un communiqué daté d'hier, il est toutefois considéré que le geste et la déclaration du diplomate français « constituent un début de reconnaissance du bien-fondé de la revendication » de cette fondation, et celle-ci « en prend acte ». D'ailleurs, c'est à ce titre qu'il est fait mention, dans le communiqué, des réactions en France à propos de cette question, « notamment par l'interpellation de l'Assemblée nationale où il a été recommandé de faire preuve de prudence, de patience et de sérénité ». D'où « l'espoir mesuré et la détermination nécessaire d'aboutir à ce que l'Etat français assume totalement ses responsabilités dans cette tragédie inexcusable », note la Fondation du 8 Mai 1945. Néanmoins, ajoute le communiqué, « les peuples français et algérien, dans un même esprit de solidarité, de convenance et de compréhension, pourront forger un avenir commun dans le respect mutuel et la sérénité nécessaire, sans oublier le passé, car un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Pour cela, est-il indiqué, la signature du traité d'amitié franco-algérien, probablement en 2005, peut être « l'opportunité pour instaurer des liens futurs indestructibles et jeter les bases d'un avenir plus prometteur ». La Fondation du 8 Mai 1945 s'interroge alors : « Verrons-nous les présidents Bouteflika et Chirac se recueillir, main dans la main, devant la tombe du chahid Larbi Ben M'hidi assassiné sous la torture à l'image du président Charles de Gaulle et du chancelier Adenauer devant celle du résistant Jean Moulin ? » Ce sera la meilleure occurrence pour que l'Algérie, « meurtrie mais libérée », reçoive l'expression de reconnaissance et la demande de pardon de l'Etat français, note le communiqué. L'occasion aussi de rappeler, qu'en 1995 - à l'occasion du 50e anniversaire du 8 mai de la Victoire -, le président Jacques Chirac a reconnu solennellement et publiquement la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des juifs au camp d'Auschwitz et autres. Aujourd'hui, il s'agit, poursuit le communiqué, d'attendre et de souhaiter « un autre geste, avec la même compassion et le même acte de contrition, qui aurait exprimé le regret et le pardon à l'égard du peuple algérien dont la mémoire collective conserve à jamais les 45 000 martyrs de mai 1945 ».