Les premiers cas de décès ont été enregistrés au CHU de Tizi Ouzou. Au moment où la grippe faisait ses premières victimes, plusieurs médecins avaient évoqué l'hypothèse d'un possible virus A/H1N1, en précisant que les examens des patients devaient se faire à l'Institut Pasteur, seule structure compétente pour identifier ce genre de virus. Le directeur du CHU de Tizi Ouzou, le professeur Abbès Ziri, explique à El Watan Week-end : «En effet, il y a eu des décès à cause du virus A/H1N1, mais il ne faut plus parler de ‘‘grippe porcine'', car le virus est pris en charge par le vaccin de la grippe saisonnière.» Ce virus provoque, au début, les mêmes symptômes que ceux de la grippe saisonnière : nez qui coule, maux de tête, fatigue excessive, fièvre élevée, toux et éternuements, baisse de l'appétit et courbatures. Des symptômes auxquels s'ajoutent en cas de contamination par le A/H1N1 une gêne respiratoire. Le 2 février dernier, le jeune Mustapha Hamza Benaïssa est décédé dans un hôpital parisien après avoir été évacué en urgence par sa famille. «Les médecins français nous ont clairement dit qu'il s'agissait du virus A/H1N1, alors que les médecins algériens n'étaient pas clairs dans leurs explications. C'est pour cela que Hamza a été évacué vers un hôpital en France. Mais on ignore pourquoi les autorités sanitaires ne veulent pas communiquer sur le sujet !» nous confie un proche de la famille. Le docteur Djamel Eddine Oulmane précise : «Le virus A/H1N1 se transmet cinq fois plus rapidement que celui de la grippe saisonnière que nous connaissons. Et alors que la traditionnelle grippe saisonnière frappait surtout les enfants en bas âge, les femmes enceintes, les personnes âgées et les malades chroniques, la grippe A/H1N1 frappe aussi les adolescents et la tranche des 25-49 ans : 40% des cas les plus graves ainsi que des cas mortels frappent des personnes considérées comme généralement en bonne santé.» Tamiflu Il poursuit : «Entre 15 et 30% des malades hospitalisés doivent être admis dans des services de soins intensifs. Et, selon l'OMS, le taux de mortalité est le plus élevé dans les groupes de personnes ayant entre 25 et 49 ans. Il faut savoir aussi que de nombreux malades souffrant d'une forme bénigne de grippe A/H1N1 ne consultent pas et échappent à toute statistique. Ils guérissent comme on guérit d'une simple grippe saisonnière et reprennent leur activité normalement. Ceci dit, un problème risque de se poser car ces personnes sont contagieuses jusqu'à huit jours en moyenne après leur guérison… et c'est là le danger.» Vu l'évolution et le développement de cette maladie depuis 2009, l'OMS estime que le virus de cette grippe fait partie des virus dominants qui circulent en ce moment dans le monde. Et, logiquement, il fait partie désormais des souches de la grippe saisonnière. C'est la raison pour laquelle le vaccin de la grippe saisonnière actuel lutte contre trois souches de virus, dont la souche A/H1N1. C'est un point sur lequel insiste le ministère de la Santé. «Il est bon de savoir que le vaccin antigrippal disponible dans tous les établissements sanitaires algériens est un préventif des trois virus que sont : A/H1N1, B, H3N2», souligne Slim Belkessam, chargé de communication au ministère de la Santé. Certains médecins épidémiologistes affirment que «le Oseltanevir (connu sous le nom de Tamiflu) est un médicament facultatif pour la grippe. S'il avait été disponible en Algérie, certains cas de décès auraient pu être évités. Malheureusement, ce médicament n'était pas sur la liste des médicaments importés par l'Algérie durant l'année 2014 et il n'est plus disponible à la Pharmacie centrale.» Un praticien ajoute : «Le personnel médical algérien doit être à jour, car certains médecins ne savent même pas que le virus en question est pris en charge par le vaccin préventif antigrippal.» Si jamais le médecin soupçonne une contamination par le virus A/H1N1, des examens complémentaires sont effectués à l'Institut Pasteur. Un cas avéré doit ensuite être pris en charge en soins intensifs pour éviter de graves complications ou même le décès. Nous avons contacté l'Institut Pasteur qui n'a pas répondu à nos questions.