L'objet de ce conflit, survenu malheureusement au moment où les beaux jours arrivent, est la nouvelle taxe de 15% sur les ventes en gros du poisson débarqué au port de pêche imposée par l EGPP. L'instauration de cette nouvelle taxe, sans aucune concertation préalable avec les professionnels de la pêche, selon le président de la Chambre de pêche de Tlemcen, a amorcé une situation de crise qui risque de porter de grands préjudices à la corporation dont la situation financière s'est déjà fortement dégradée à cause du mauvais temps qui a sévi durant tout l'hiver. Le président de la Chambre de pêche de Tlemcen, qui est aussi président de la Chambre de pêche nationale, M Aggab Choaib, rappelle que plus de 4000 marins exercent au niveau du port de Ghazaouet, sans compter les revendeurs, les mareyeurs, les ramendeurs et tous ceux qui sont annexés aux activités de la pêche. Il y a plus de 160 bateaux tous types confondus. Chaque sardinier emploie au minimum 23 personnes. Le chalutier emploie entre 12 et 15 personnes. «Nous sommes déjà soumis à beaucoup de taxes. En rajouter d'autres nous portera sans aucun doute préjudice», et d'enchaîner : «D'ailleurs pourquoi doit-on payer des taxes sans aucun service en contrepartie? L'EGPP n'est même pas en mesure de mettre à notre disposition un lieu propre pour vendre nos poissons. Tout le monde voit que La vente en gros des produits de la mer s'effectue dans des conditions d'hygiène lamentables au niveau de la halle à marais et à la pêcherie». Monsieur Aggab Choaib n'a pas manqué aussi de manifester sa crainte quant au devenir du secteur de la pêche face à cette façon d'inventer des taxes sans aucun discernement. «Ces taxes démesurées, décidées ainsi sans se concerter avec les professionnels de la pêche, peuvent à la longue compromettre la pérennisation de la profession à Ghazaouet», appréhende-t-il. Un jeune armateur revient sur les négociations relatives aux conditions d'exercice du métier de mandataire entreprises en 2010 entre les professionnels et l'EGPP et qui avaient abouti à l'époque à un consensus autour d'une nouvelle convention concernant les redevances sur les produits halieutiques débarqués au port. «La variante retenue prévoyait pour l'exercice des activités de mandataire une taxe de 5000DA/mois au lieu de 20000DA/mois. La taxe sur le poisson de première catégorie a été fixée à 60DA/caisse. Elle est de 30DA/caisse sur le poisson de deuxième catégorie et 15DA/caisse sur le poisson bleu. Aujourd'hui, pour prouver notre bonne foi, nous proposons des augmentations de 30% de nos redevances mais prélever une taxe de 15% directement sur les ventes veut dire tout simplement immobiliser les bateaux à quai», s'inquiète ce jeune armateur. L'inquiétude est aussi perceptible chez les marins pêcheurs. Ces derniers fortement touchés par le mauvais temps qui a fragilisé leur situation financière refusent d'être encore une fois victimes de ces taxes de péage. «A chaque fois qu'il y a eu augmentation du volume des frais, ce sont les pêcheurs qui payent puisque ces redevances sont imputées des frais communs», tonne un marin pêcheur. Et d'ajouter, non sans décolérer: «Cela fait 4 mois que nous n'avons pas gagné le moindre sou. Qui s'est enquis de notre situation?» En somme, le bras de fer qui oppose les professionnels de la pêche à l EGPP n'est pas prêt de connaitre son épilogue, il semble même qu'il est en voie de durcissement surtout après que les professionnels de la pêche ont décidé de porter l'affaire devant la justice pour l'annulation de cette nouvelle taxe.