Alors que le Conseil du gouvernement doit se pencher prochainement sur le projet de loi sur la nouvelle politique de la ville axée sur les nouvelles villes, Constantine demeure l'exemple parfait de la cité sous-administrée et fatalement déclassée. Avec 500 000 habitants, Constantine est la commune la plus peuplée d'Algérie. C'est aussi la seule qui compose sa daïra ; une situation administrative qui permet une explication pertinente du fâcheux sort lié à ses problèmes inextricables qui lui collent à la peau malgré les nombreuses thérapies prescrites. En effet, s'il existe des normes pour limiter cette population contenue dans une commune ou une daïra, on peut citer comme exemple les grandes daïras que sont Bordj Menaiel ou El Eulma, dont les populations ne dépassent pas les 120 000 habitants. Alger découpée en arrondissements dans le cadre du Grand-Gouvernorat puis confiée à des walis délégués chargés chacun d'un arrondissement, respire mieux et offre une couverture administrative relativement acceptable à ses administrés. A côté de la commune-daïra de Constantine, celle par exemple d'Ibn Ziad située dans la même wilaya compte à peine 20 000 habitants répartis dans plusieurs communes. El Khroub qui en est la deuxième daïra compte près de 120 000 habitants. Mais depuis que celle-ci abrite sur son territoire la nouvelle ville Ali Mendjeli, la donne a changé causant une autre aberration. En effet, la nouvelle ville qui abrite déjà plus de 80 000 habitants est devenue de fait un lieudit de la taille d'une ville dépendant administrativement d'une circonscription qui sera très prochainement plus petite. L'impuissance des responsables locaux, qu'ils soient élus ou administratifs, à répondre d'une manière adéquate aux problèmes de la ville, découle du surpeuplement de leurs circonscriptions et de la taille trop importante du patrimoine à gérer. Concernant le bien-être social de ses occupants, Constantine demeure à la traîne et accumule les retards dans tous des domaines du progrès. Criminalité accrue, dégradation des services de santé, asphyxie du transport, commerce anarchique, destruction du tissu urbain, cadre de vie déplorable... bref, tous les ingrédients sont réunis pour faire de Constantine un coin insoutenable capable de faire fuir ses propres habitants avant même les investisseurs ou tout autre aventurier. Cet état des lieux a résisté à toutes les bonnes volontés et trouve aujourd'hui son chemin vers cette explication dans les discussions qui animent les bureaux, même si cela n'est pas encore du domaine public. La raison pour laquelle Constantine n'a pu bénéficier d'un découpage administratif qui sied à la répartition de sa population demeure un secret confiné dans les arcanes du pouvoir central. Il s'agit peut-être d'une simple cécité qui a frappé les gouvernements successifs ou un projet ajourné à répétition devant les grandes priorités. Mais la complexité, qui réduit toutes les solutions à de simples colmatages, risque d'accoucher d'une situation ingouvernable, déjà que sur de nombreux aspects, elle est jugée irréversible. Les efforts devraient être orientés aussi vers ce plan au niveau des concepteurs comme au niveau des décideurs. Constantine a plus que tout besoin d'une administration qui soit à la mesure de ses exigences et de la taille de sa population.