Les travaux de la conférence des cadres de l'Alliance démocratique pour le changement du 23 mai (ADC), mouvement des Touareg du nord du Mali, se sont poursuivis hier à Alger à huis clos et n'ont pas encore dépassé le point lié aux divergences internes. Visiblement, les participants peinent à aplanir les divergences qui minent leur formation politique depuis plus de trois ans, depuis la signature de l'Accord d'Alger en juillet 2006. C'est du moins ce qui ressort des rares indiscrétions recueillies hier auprès de certains participants, en marge de la rencontre. Mais cela ne semble pas perturber la volonté des organisateurs d'arriver à un consensus pour lequel, disent-ils, tous les cadres ont accepté de venir à Alger. « Tout le monde est là parce que tous sont d'accord sur le fait qu'il faut réagir. Les divergences et les contradictions existent dans tous les partis et les mouvements. Ce qui est important, c'est de s'entendre sur une base, le reste fait partie du débat démocratique », explique un des dirigeants. Les mêmes propos sont tenus par le porte-parole de l'Alliance : « L'essentiel, à notre avis, est que tous ceux qui ont été à l'origine de la rébellion et des événements d'avant, pendant et après l'Accord d'Alger s'entendent. La majorité veut aller vers une nouvelle organisation qui permettra de redémarrer sur de nouvelles bases. » Hassan est aussi du même avis. Cette figure de proue de la rébellion touareg a beaucoup d'influence sur ses compagnons. Il estime qu'« il est temps que la population targuie ait plus de considération et que les engagements signés par l'Etat malien, en contrepartie de l'arrêt de la violence, soient respectés. Mais pour l'y obliger, il faudra que les représentants légitimes de la région soient unis et parlent d'une seule voix. Pour cela, il fallait créer les conditions nécessaires pour amener tout le monde autour de la table. Nous y sommes arrivés et, maintenant, reste à assainir nos différends ». Les conférenciers avec lesquels nous nous sommes entretenus déclarent que l'activité des terroristes au nord du Mali n'est pas due à la complicité de la population, mais des autorités de Bamako. « Nous étions les premiers à avoir affronté les salafistes d'Al Qaîda. Nous avons mené des embuscades et même perdu certains de nos compagnons dans des affrontements. Mais il y a eu l'Accord d'Alger et nous avons été dépouillés de nos armes. Le terrain a été déserté pour être normalement occupé par l'armée malienne, à laquelle la mission de sécurité est dévolue. Mais cela n'a pas été le cas. Les terroristes ont profité non seulement de notre absence sur le terrain, mais aussi de la complicité des unités militaires qui étaient censées les pourchasser. Notre absence a trop duré. Il faut rétablir la sécurité et la stabilité à travers la mise en place du dispositif de sécurité prévu dans le cadre de l'Accord d'Alger », note un participant. Hassan abonde dans le même sens. Il précise néanmoins que les activités du GSPC ont de tout temps été concentrées autour de Tombouctou ou à la limite de Gao, rarement à Kidal, qui est longtemps restée une citadelle interdite auxtroupes de Belmokhtar. « A chaque fois qu'ils s'aventuraient du côté de Kidal ou de Thésalit, ils nous trouvaient sur leur route. Mais depuis 2006, la situation a changé. Tout a été fait pour que les terroristes agissent en toute quiétude dans nos régions. Ils circulent à quelques kilomètres des postes de l'armée malienne, laquelle reste souvent inactive. Nous sommes convaincus que c'est fait exprès, pour nous présenter aux yeux du monde comme des alliés d'Al Qaîda. Heureusement, personne ne peut être dupe », explique l'ancien rebelle. A ce sujet, le porte-parole du mouvement conclut le débat en interpellant les partenaires du Mali. « Des pays de l'Union européenne, la France, l'Espagne ou les Etats-Unis, qui combattent le terrorisme, doivent faire pression sur le Mali et l'obliger à respecter l'accord signé à Alger en 2006 et à concrétiser les engagements qu'il a pris pour venir à bout des groupes salafistes armés qui ont pris pour refuge la région sahélo-saharienne. La situation est très critique et appelle à l'implication de tous, avant qu'elle ne soit irréversible », dit-il. A signaler que les travaux (à huis clos) de la conférence reprendront aujourd'hui et pourraient durer plus d'une semaine, à l'issue de laquelle des résolutions seront adoptées et rendues publiques.