Le congrès des Touareg maliens aura lieu au mois de mars prochain à Ténara, ville située à 60 km à l'est de Thesalit, au nord-ouest du Mali. C'est la première décision prise par les cadres de l'Alliance démocratique pour le changement (ADC), lors des travaux de leur conférence qui se tient à Alger. Des recommandations destinées à l'Algérie, en tant que pays signataire de l'Accord d'Alger, ont été également adoptées. Après de longues journées de débat, les cadres dirigeants de l'ADC du 23 mai, l'aile politique de la rébellion touareg au nord du Mali, se sont entendus, hier, pour revenir sur une nouvelle base à travers la tenue d'un congrès fédérateur dit de réconciliation. A leur quatrième jour des travaux, ils sont arrivés à aplanir une bonne partie de leurs divergences, mettant les plus profondes sur la table du prochain congrès, prévu en mars prochain à Ténara. Un congrès qui s'annonce réconciliateur puisqu'il devra réunir toutes les constituantes de la population touareg du nord, quelles que soient leurs appartenances politique et sociale. « Nous allons appeler à la participation de tous pour que chacun puisse apporter sa contribution dans l'intérêt de l'avenir du mouvement. Tous ceux qui veulent que la paix et le développement s'installent dans notre région doivent s'impliquer et prendre part à ce congrès. Nous ne pouvons rien construire sans une confiance mutuelle et les conditions de la stabilité. Ceux qui refusent ce congrès rejettent la paix », explique le porte-parole du mouvement Hama Ag Sid Ahmed. Le choix de Ténara pour accueillir le congrès n'est pas fortuit. Tout le monde, souligne Sid Ahmed, est conscient du fait que cette ville est marquée par l'activité des groupes terroristes. « Nous avons choisi cette ville justement parce qu'elle est depuis peu utilisée comme lieu de passage par les salafistes. Nous allons mettre les moyens pour assurer la sécurité de cette rencontre et tout se passera bien », note-t-il. Son compagnon Hassan Feggaga, membre fondateur de l'ADC et cosignataire de l'Accord d'Alger en juillet 2006, est du même avis. Il estime que les travaux « ont permis de réunifier les rangs et de se concentrer sur un même objectif. Tout le monde est conscient que l'Accord d'Alger est totalement bloqué. Le prochain congrès va redonner une plus grande légitimité à ceux qui parleront au nom de la région du Nord », dit-il. Hier en fin de journée, les conférenciers ont mis en place deux groupes de travail ; le premier est une sorte de « bureau de crise » chargé de la préparation du contexte dans lequel se déroulera le congrès et de faire en sorte de réconcilier entre tous pour assurer la plus large participation. L'autre groupe de travail a pour mission de rédiger les recommandations adoptées par la conférence et destinées à l'Algérie. « Depuis la dissolution du comité de suivi de cet accord par le gouvernement malien en juillet 2009, tout a été paralysé. Nous avons estimé nécessaire de faire le bilan du peu qui a été fait et de tant de points qui n'ont pas été concrétisés. En parallèle, des recommandations ont été adoptées. Elles sont destinées à l'Algérie en tant que pays signataire et médiateur de l'Accord. Il est question d'abord de lui faire admettre qu'il y a une crise et que le Mali a rejeté tous ses engagements. Il y a une situation très grave au Nord qui peut avoir des incidences négatives sur toute la région. Il est du devoir du pays médiateur de faire pression sur Bamako, pour revenir au principe de l'accord et faire en sorte que le gouvernement arrête de nous tourner le dos », explique Ag Sid Ahmed. Selon lui, il est également important d'interpeller les partenaires du Mali, qui aspirent à une stabilité de la région, pour qu'ils interviennent eux aussi auprès de Bamako. « Si l'Union européenne et la France font pression sur l'Etat pour concrétiser les engagements de l'Accord d'Alger, la vie reprendra son cours au Nord », déclare le porte-parole. Selon lui, les travaux de la conférence se poursuivront durant les deux prochains jours et pourraient s'achever au plus tard lundi prochain, avec une déclaration politique finale. En marge des travaux, tous les cadres dirigeants de l'ADC qui ont accepté de nous faire part de leurs positions affirment que cette conférence, la première depuis la création de l'Alliance, est une réussite. « Il est important de relever que 6 sur les 6 signataires de l'Accord d'Alger sont présents. De plus, parmi ces derniers, il y a ceux qui n'ont rien eu et se sont mis en dehors de l'Accord et ceux qui ont cru et accepté de réintégrer les unités gouvernementales. Tous sont convaincus aujourd'hui de la volte-face de l'Etat. Aucune des promesses n'a été tenue. Ce qui a poussé les cadres, dans leur majorité, à venir à Alger et à faire le bilan pour repartir à zéro », a conclu le porte-parole de l'ADC.