En choisissant de citer, dans leur déclaration commune, la finalisation de l'affaire Gassi Touil, un conflit qui avait fait couler beaucoup d'encre en 2007, l'Algérie et l'Espagne ont opté pour un traitement transparent de ce problème. C'est aussi un message lancé pour signifier que l'incident est clos et qu'il faut laisser place maintenant aux intérêts stratégiques. Il y a bien plus de choses qui peuvent unir les deux pays et l'affaire Gassi Touil n'est en réalité qu'un différend commercial que certains managers espagnols ont voulu politiser. La preuve a été donnée par les résultats de l'arbitrage rendu par le Tribunal de Genève. Le bras de fer engagé par le consortium espagnol Repsol-Gas Natural contre Sonatrach a vécu. Il est vrai aussi que le consortium espagnol a découvert avec le temps qu'il pouvait aussi profiter de plusieurs opportunités en Algérie. Les récentes découvertes d'hydrocarbures qu'il a faites, en partenariat avec Sonatrach, vont le placer comme l'un des plus importants acteurs du domaine minier algérien. L'erreur du consortium espagnol dans le projet Gassi Touil a fait qu'il a voulu récupérer ses erreurs d'appréciation au détriment de Sonatrach en essayant de renégocier un nouveau taux de profit. Une demande impossible à réaliser par Sonatrach, vu que le projet a été attribué lors d'une séance d'ouverture des plis publique et que des groupes pétroliers géants, comme BP, Total, Shell ou ENI, étaient en compétition. Une révision du contrat aurait enlevé toute crédibilité à Sonatrach et à la démarche des avis d'appel à la concurrence. Le plus grave dans l'affaire, c'est que le consortium a mis en avant ses intérêts en forçant la main au gouvernement espagnol et en créant une crise politique entre les deux pays. De plus, plusieurs pressions ont été exercées sur Sonatrach pour l'empêcher de pénétrer le marché espagnol, même si cette dernière avait évité que l'affaire Gassi Touil n'influe sur le partenariat avec le consortium sur d'autres projets. Malgré cela, le projet de gazoduc Medgaz a pu être mené à son terme, avec d'autres partenaires espagnols il est vrai. Les résultats de l'arbitrage ont dû libérer le gouvernement espagnol qui peut maintenant évoquer à l'aise les aspects stratégiques de la coopération avec l'Algérie sans subir de pressions de la part du consortium. Et c'est aussi pour cela que les deux parties « ont exprimé leur satisfaction pour la récente finalisation de l'arbitrage de Gassi Touil ». Si l'approvisionnement en gaz naturel de l'Espagne dépend beaucoup de l'Algérie, l'Algérie a aussi besoin de la coopération avec l'Espagne, y compris dans le domaine de l'énergie avec le segment des énergies renouvelables. Les leçons qui peuvent être tirées de l'affaire Gassi Touil devraient permettre de faire avancer l'idée d'un partenariat gagnant-gagnant entre les deux pays, vu les intérêts stratégiques qui les unissent des deux côtés de la Méditerranée et éviter les conflits de groupes.