Les autorités nationales reprochent au groupe un recours jugé abusif à la sous-traitance locale. Les relations entre l'Algérie et l'Espagne risquent de connaître de nouvelles turbulences. Après le secteur de l'énergie, c'est celui des travaux publics qui connait une remise en cause entre les deux pays. Le conflit oppose cette fois-ci l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif) et le groupe espagnol Obrascon Huarte Lain (OHL). Selon des informations, le sixième groupe espagnol de BTP pourrait perdre, dans les prochains jours le contrat de construction d'une ligne ferroviaire de 95km entre les villes d'Annaba et de Ramdane Djamel. La cause: les autorités nationales reprochent au groupe espagnol un recours jugé abusif à la sous-traitance locale. En fait, selon les mêmes sources, OHL obtient des contrats et fait ensuite appel à des sociétés algériennes pour réaliser les travaux. C'est en partie ce qui explique les retards pris dans des projets confiés à OHL. Le président Bouteflika a déjà dénoncé publiquement ce genre de pratiques très répandues parmi les groupes étrangers travaillant en Algérie. Notons que le projet en question, d'un montant de 248 millions d'euros, a été décroché par OHL en février 2007. Le contrat prévoit la création d'une nouvelle voie ferrée et le réaménagement de la ligne existante, pour permettre la double circulation des trains à une vitesse de 160km/h. Selon les termes de l'accord entre les deux parties, les travaux devaient durer 39 mois. Mais, 19 mois après l'attribution du marché, les travaux n'ont toujours pas commencé. Les dirigeants de l'Anesrif et d'OHL ont tenu des réunions de suivi durant les cinq derniers mois, mais la partie algérienne semble convaincue que le groupe espagnol ne pourra pas honorer ses engagements dans les délais. Pressée par les pouvoirs publics, l'Anesrif pourrait annoncer dans les prochains jours l'annulation du contrat d'OHL, avec une probable demande d'indemnisations. Le groupe espagnol agit dans le cadre d'un consortium dont il détient 85% des parts. Le reste du capital est contrôlé par la société publique Infrarrail, filiale de la Sntf. En plus de ce contrat, OHL pourrait perdre d'autres projets déjà en cours en Algérie dans le domaine du BTP, notamment la réalisation de la seconde rocade d'Alger. Les rapports entre l'Algérie et l'Espagne connaissent, depuis quelque temps, des hauts et des bas. Le cas du projet Gassi Touil, confié auparavant à deux groupes espagnols, Repsol et Gas Natural, en est une preuve. En raison des nombreux retards accusés dans le lancement du projet Gassi Touil, Sonatrach avait décidé, début septembre, d'annuler le contrat. Le différend gazier entre les deux pays qui a fait couler beaucoup d'encre concerne le projet Medgaz. En mai dernier, la Commission nationale de l'énergie espagnole (CNE) avait conditionné l'augmentation des droits de vote de Sonatrach, correspondant à sa participation additionnelle de 16% dans la société Medgaz, par une limitation du volume de gaz à commercialiser sur le territoire espagnol à 1 milliard au lieu des 3 milliards de mètres cubes qu'elle possède dans le projet. Ce n'est que dernièrement que le gouvernement espagnol décide de «corriger» une situation qui n'avait pas lieu d'être à l'origine. Le ministre de l'Energie et des Mines a d'ailleurs qualifié cette décision de «correcte». Toujours sur ce lourd dossier des relations énergétiques entre l'Espagne et l'Algérie, il y a le «blocage» des renégociations sur les prix du gaz imputé à la partie espagnole.