Selon des sources diplomatiques à Madrid citées hier matin par des journaux espagnols, Gaz de France (GDF) devrait reprendre le contrat Gassi Touil, auparavant confié par Sonatrach aux deux groupes espagnols Repsol et Gas Natural. GDF ne confirme, cependant, pas les informations de la presse espagnole. Un porte-parole de GDF, interrogé par le site "toutsurlalgerie.com", a déclaré " aujourd'hui, à notre connaissance, Sonatrach n'a fait état d'aucune intention particulière en matière de partenariat concernant Gassi-Touil ". Cette révélation faite par la presse espagnole sur cet accord entre Sonatrach et GDF intervient au moment où l'annulation du projet Gassi Touil par Sonatrach va entraîner une cascade de procédures entre la société nationale et les groupes espagnols Repsol et Gas Natural. En 2004, l'Algérie avait donné son accord pour la participation de Repsol YPF et Gas Natural à la création d'une société commune chargée de l'exploitation du site de Gassi Touil. Il s'agissait du premier contrat de ce type jamais accordé à une compagnie étrangère en Algérie dont le montant est estimé à 6 milliards de dollars. Ce mégaprojet, destiné à alimenter en GNL le marché des Etats-Unis, prévoyait la construction d'un mégatrain de GNL à Arzew d'une capacité annuelle de 4.5 millions de tonnes. Les entreprises espagnoles ont été incapables de redresser la situation "en dépit de nombreuses mises en garde de Sonatrach". Conséquence de ces retards, le projet qui devait être achevé en 2009 ne pourra l'être qu'en fin 2012, selon les propres estimations de Repsol et de Gas Natural. C'est considérable pour un projet sur lequel étaient adossés des engagements commerciaux lourds et qui risquent de mettre Sonatrach dans une situation délicate vis-à-vis de ses clients potentiels. A ce titre, Sonatrach a confié ses intérêts dans ce conflit au cabinet international Shaerman and Sterling. Les groupes espagnols Repsol et Gas Natural devraient, pour leur part, être représentés par le Cabinet Uria & Menéndez basé à Madrid. Ces révélations interviennent également dans un contexte marqué par la volonté de Sonatrach de s'implanter sur le marché européen de la distribution de gaz. Les officiels espagnols restent, cependant, très prudents dans un souci clair de préserver les possibilités d'un arrangement. En effet, le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, Bernardino León, a précisé jeudi, concernant le projet Gassi Touil, que sa réalisation a connu des retards ayant conduit à une longue négociation qui pourrait, selon lui, se prolonger encore "une année et demie", tout en assurant que Repsol dispose encore de "beaucoup d'investissements" en Algérie qui "vont très bien". M. León a ajouté que la décision de Sonatrach de résilier le contrat la liant à Repsol YPF et Gas Natural sur le projet intégré de Gassi Touil n'obéissait à aucune "considération politique". "La négociation entre les trois entreprises n'aurait pas pris tout ce temps sans cette volonté des deux pays à maintenir à tout prix ce contrat et c'est là, la seule considération politique que l'on peut faire", a-t-il souligné à la radio espagnole Onda Cero. Le ministre espagnol de l'Industrie, Joan Clos, a, pour sa part, affirmé, mercredi, devant le Sénat, que son gouvernement "ne va pas risquer" l'ensemble de ses relations avec l'Algérie à cause de la résiliation de ce projet, et qu'il s'agit d'un "problème entre entreprises".