Victoire revendiquée quelques instants auparavant par ses partisans En milieu d'après-midi, Muhammadu Buhari, ex-général, à la tête d'une junte militaire dans les années 1980 qui se présente pour la quatrième fois à la présidentielle depuis le retour du pays à la démocratie en 1999, bénéficiait d'une avance de 2,9 millions de voix sur Goodluck Jonathan, selon des résultats officiels partiels concernant la capitale fédérale, Abuja, et 31 des 36 Etats du Nigeria, a annoncé la Commission électorale indépendante (Inec). Le porte-parole du Congrès progressiste (APC) de Buhari, Lai Mohammed a déclaré en la circonstance: «C'est la première fois que l'opposition chasse un gouvernement par la voie des urnes dans l'histoire du Nigeria». Le vote communautaire et religieux est un phénomène très marqué au Nigeria, pays mosaïque de 173 millions d'habitants, le plus peuplé d'Afrique, majoritairement chrétien dans sa moitié sud et musulman dans sa moitié nord. Le candidat Buhari, un musulman du nord, a largement devancé G. Jonathan dans ses fiefs, de 1,7 million de voix dans l'Etat de Kano, le plus peuplé du nord, et de 650 mille voix dans celui de Kaduna. Quant au président sortant, il a été plébiscité dans la région pétrolifère du delta du Niger, au sud, remportant plus de 98% des suffrages dans son fief de Bayelsa et près de 95% dans l'Etat voisin de Rivers. L'APC de Buhari, accusant le Parti démocratique populaire (PDP) de G. Jonathan d'avoir bourré les urnes dans l'Etat de Rivers, a déposé une plainte auprès de l'Inec. Mais Attahiru Jega, le président de l'Inec, a observé que les accusations ne sont «pas assez conséquentes» pour annuler le scrutin dans cet Etat. Son impartialité a été mise en cause en début d'après-midi par un responsable du PDP, qui a interrompu l'annonce des résultats partiels pour lancer à A.Jega: «Nous n'avons plus confiance en ce que vous faites». A Lagos, capitale économique et ville la plus peuplée du pays avec quelque 20 millions d'habitants Buhari a devancé son adversaire Tension En 2011, des affrontements ont fait un millier de morts après l'annonce de la victoire de G. Jonathan. Des troubles ont éclaté dès dimanche dans l'Etat de Rivers, où l'APC a organisé de nombreuses manifestations pour dénoncer des fraudes. Des rassemblements se sont poursuivis lundi, jusqu'à l'instauration d'un couvre-feu pour la nuit. Kaduna, grande ville du centre marquée par les violences entre chrétiens et musulmans en 2011 vit sous le syndrome de tels affrontements. «Si le président Jonathan est déclaré vainqueur, et non le général Buhari (…) je peux vous dire que Kaduna va s'embraser», a prévenu lundi Awwal Abdullahi Aliyu, président de l'Union pour l'unité du peuple du Nord et la réconciliation, une organisation oeuvrant localement pour l'entente entre chrétiens et musulmans. Outre leur président, les 69 millions d'inscrits ont voté pour élire les 109 sénateurs et les 360 députés nigérians.