Bon nombre de syndicalistes, quant à eux, dénoncent la violation des lois en vigueur en matière de relations de travail. Les multinationales respectent-elles les dispositions du Code du travail algérien ? Sur quelle base sont octroyés les agréments d'activité ? Existe-t-il réellement des mécanismes de contrôle pour assurer la protection sociale des travailleurs algériens ? Ce sont autant de questions relevées par le groupe parlementaire Ennahda dans une lettre adressée au ministre de l'Energie et des Mines, dont nous détenons une copie. En prenant fait et cause pour Meryem Mehdi, licenciée par son employeur, le groupe britannique British Gas, et qui est en grève de la faim depuis presque un mois, le groupe parlementaire rappelle que l'histoire de cette fonctionnaire est symptomatique « d'une situation dramatique dans les zones créatrices de richesses en Algérie et représente le summum du non-respect des lois de la République dans laquelle les multinationales agissent sans rendre des comptes ». Dans cette affaire, la défaillance des pouvoirs publics est flagrante, selon le député Mohamed Hadibi, président du groupe parlementaire d'Ennahda. « Les richesses de l'Algérie ne sont pas une malédiction pour que des sociétés étrangères s'arrogent le droit de traiter les Algériens en esclaves face à l'absence d'une autorité de régulation du secteur des hydrocarbures », déplore-t-il encore. Malgré les cris de détresse, sous forme de grève de la faim, émis par certains travailleurs remerciés par leurs employeurs, les autorités algériennes se complaisent dans une indifférence totale, constate le même député. Et l'interpellation vaut son pesant de condamnation cinglante. « Votre silence et votre incapacité à mettre fin à ces violations des cahiers des charges au sein des multinationales ont donné un signal fort à ces dernières afin de violer les loi de la République et de maltraiter les Algériens (…) La violation de la souveraineté nationale sous votre ère ainsi que votre indifférence à l'égard des cris de détresse de cette femme, menacée de mort, constituent une honte indélébile sur le front de chaque responsable algérien », fustige la même source. En invitant Chakib Khelil à s'expliquer sur les raisons de son mutisme, le groupe parlementaire exhorte celui-ci à ouvrir une enquête sur les dépassements enregistrés au sein de ces multinationales. Last but not least, le même groupe parlementaire interpelle également Tayeb Louh, ministre de l'Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale, sur le cas de Meryem Mehdi. Pour ce député, le licenciement de cette ancienne employée de British Gas constitue une « violation de la souveraineté nationale » et « du Code du travail sans aucun respect des dispositions légales ». Le député Mohamed Haddibi relève une autre contradiction de taille, à savoir que les inspections du Travail ne sont pas reconnues par les multinationales, lesquelles, selon lui, « n'ont aucune considération pour les institutions de la République ». Pis encore, dénonce-t-il, est le fait que des travailleurs dans un bras de fer similaire avec une autre multinationale ont été licenciés « sans que le gouvernement ne bouge le petit doigt afin de ‘'protéger'' les travailleurs algériens de l'esclavagisme et de l'humiliation ». « Il est impardonnable de se taire face aux atteintes répétées contre la crédibilité des institutions de l'Etat algérien », tranche le groupe parlementaire, en exigeant du ministère de tutelle de justifier son silence.