Aidés en cela par la situation statutaire que vit la première formation politique nationale, dont le mandat de la direction a expiré le 21 mars. Par ailleurs, les opposants se sentent pousser des ailes à la suite des propos tenus par le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, lors d'une rencontre impromptue dans les couloirs du Sénat avec un sénateur. Selon nos informations, le ministre aurait affirmé être opposé à la tenue du congrès du FLN si, au préalable, le comité central ne tenait pas sa session. Ses propos sont considérés comme un signe de désaveu des décisions de Saadani par des membres importants du gouvernement. En outre, les adversaires à Saadani ont décidé de saisir la justice pour annuler la désignation de la quarantaine de nouveaux mouhafadhs installés ces derniers temps par la direction actuelle. Une plainte en annulation devrait être déposée au niveau de la chambre administrative d'Alger, cette semaine, par maître Saïd Zahi. Les opposants s'appuient sur la série d'articles relatifs à la désignation des mouhafedhs qui composent les statuts du parti. Ils comptent s'appuyer sur l'article 49 qui stipule que «l'assemblée générale de la mouhafadha est la plus haute instance du parti, mais également sur l'article 51 qui précise que «l'assemblée générale de la mouhafdha élit un bureau composé de sept à onze membres pour une durée de cinq ans». Dans les faits, selon les adversaires de Saadani, le secrétaire général est dans l'obligation de choisir le mouhafadh parmi les membres du bureau élu et non pas désigner des personnalités qui ne font pas partie des structures locales du parti. Et de rappeler l'installation récente du nouveau mouhafadh de Tissemsilt, «un député élu sur la liste du Mouvement populaire algérien (MPA), le parti de Amara Benyounès», affirme une personnalité du parti pour qui «ni les textes ni les procédures n'ont été respectés. Cette direction navigue à vue». En fait, le camp des opposants n'a pas perdu l'espoir de se voir accorder l'autorisation par les services de la wilaya pour la tenue d'une session extraordinaire du comité central du parti. Pour cela, il a relancé la campagne de signatures pour obtenir l'adhésion des deux tiers du comité central, soit 220 signatures, quorum obligatoire pour l'organisation d'une session extraordinaire. Ils profitent en cela du mécontentement de tous les déçus et exclus des dernières décisions de la direction, dont plusieurs ont perdu leur poste. «On ne se fait pas d'illusion, résume un membre du comité central. On sait très bien que ceux qui font le forcing pour nous rejoindre, le font pour des raisons personnelles.» Une réunion devrait se tenir demain au siège de la permanence parlementaire du parti entre les nombreux déçus des méthodes de Saadani.