Captive des incertitudes quotidiennes, la daïra de Bir El Arch, située sur une route stratégique, la RN5, à une quinzaine de kilomètres de la ville d'El Eulma et à une cinquantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya, n'arrive pas à se dépêtrer des multiples goulots d'étranglement qui bloquent son développement en dépit des nombreux atouts dont elle dispose, ceux surtout liés à l'agriculture et l'élevage. Evidemment, Bir El Arch traîne les stigmates de la déréliction depuis bien des années en raison d'une gestion approbative des affaires de la collectivité, ce qui avait réduit ses potentialités à néant. Elle n'est plus qu'un no man's land funèbre. Ce legs si compromettant continue de déteindre sur l'ensemble de toute la région. Bir El Arch comprend trois autres communes, Tachouda, Bellaâ et El Ouldja, ainsi que plusieurs autres mechtas éparses ayant toutes une vocation agricole, mais qui hélas souffrent de l'insuffisance de l'eau, notamment au niveau du chef-lieu de daïra. A cela, il faut ajouter le manque d'intérêt des agriculteurs, surtout les jeunes qui ne veulent pas travailler la terre, préfèrent un travail moins contraignant et plus lucratif, sans oublier les conflits en tout genre comme la persistance de ceux fonciers sur des terres « arch » et d'autres appartenant à l'Etat. Ce qui se répercute négativement sur son développement. Résultat : le chômage fait des ravages parmi la population, et les déboires font partie du quotidien de cette dernière. Ce « déluge » n'est plus une surprise. A Bir El Arch, l'hygiène est absente, les ruelles sont impraticables par endroits en hiver, alors qu'en été, c'est l'enfer des poussières. A voir l'entassement tous azimuts des ordures de toutes sortes à travers la ville (plutôt village), l'on serait tenté de déduire que celle-ci n'arrive pas à se débarrasser de ses immondices qui ternissent l'environnement depuis des mois. Cette image repoussante n'est pas le fait d'un seul endroit, elle touche tous les quartiers. Le manque de civisme du citoyen y est pour beaucoup du moment que la collectivité semble être dépassée pour ne pas dire débordée. Sinon, comment expliquer ce désordre et cette prolifération de déchets et gravats un peu partout. Des deux côtés, soit à l'entrée où à la sortie de la ville, le visiteur est frappé par les déchets jetés çà et là sur la RN5, et même à l'intérieur des bois. Une situation dégradante et préjudiciable pour l'environnement, mais qui ne semble inquiéter personne. Chaque matin, hommes, femmes et enfants prennent tous une seule direction : celle de la ville d'EL Eulma. Parmi ces gens, on trouve le fonctionnaire, le vendeur à la sauvette, l'ouvrier, le maçon, le trafiquant, le voleur, les malades, etc. On dirait que rien n'existe à Bir El Arch. En réaction à cette situation, un homme d'un âge moyen, qui a tout le temps vécu à Bir El Arch, dira : « Le ressentiment de la population est énorme parce que durant les années 1980, personne n'a jamais pensé un seul instant que 30 ans plus tard, cette ville se morfondrait dans un statu quo qui ne lui confère aucun privilège ni notoriété. Pour nous, c'est un acte purement symbolique qui relève du rituel administratif, sans plus, la preuve, toute la population vit la misère et l'abandon. »