A première vue, ce n'est pas un sport très intelligent, l'idée étant de pousser bêtement un ballon tout rond dans l'autre camp, avec le pied, la tête, le genou, le ventre ou le postérieur, bref, toutes les parties du corps sauf les mains. De plus, il a été inventé par les Anglais qui ne sont pas répertoriés dans la tradition islamique ; il n'est pas très spectaculaire puisqu'il y a moins de buts que dans les autres sports ; il possède un côté très misogyne dans le sens où les femmes ne sont admises que derrière le poste de télévision et, pour finir, c'est un sport collectif qui nécessite de grands espaces, ce qui, au vu de la sanglante guerre du foncier en Algérie, n'aurait jamais dû s'implanter. C'est pourtant comme ça, on aime le football et les footballeurs, les buts, les tacles par devant et les petits ponts, invention étrange qui consiste à faire passer le ballon entre les jambes de l'adversaire, humiliation suprême pour un homme viril qui a quelque chose entre les jambes. Antar Yahia est plus populaire que le chef des patriotes de Zbarbar ; Gaouaoui plus aimé que le chef de service du pavillon des cancéreux et Zidane plus adoré que Ouyahia, même si dans ce dernier cas, ce n'est pas difficile. Pourquoi aime-t-on autant le football, plus que tout autre chose, sa mère ou son président ? Peut-être parce qu'il ne se joue pas sur le PIB (produit intérieur brut) ou l'IDH (indice de développement humain) permettant ainsi à des nations du Tiers-Monde de se mesurer aux grands de ce monde avec les pieds. En théorie seulement, puisqu'en pratique les grandes nations développées ont le plus beau palmarès, exception faite du Brésil. Mais le jeu est ouvert, en théorie encore ; l'Algérie peut battre l'Italie et remporter la Coupe du monde en Afrique du Sud. A une petite condition : que tous les qualifiés se fassent mitrailler dans leur bus le premier jour de la compétition.