Résumé de la 2e partie Coincé sous le poids de la neige, Kiell a du mal à respirer et à se dégager. Fatigué il s?endort. Et comme il est à plat ventre et que ses bottes de ski sont toujours absolument scellées à la neige, ça commence à tirer sur l?articulation de son genou gauche. L?autre étant plié, ça va encore pour l?instant. Mais c?est la cheville droite qui est un peu tordue dans la botte, et qui fait de plus en plus mal? Kiell Ericson relève un peu la tête, tord le cou et relève les yeux sur le côté. Il n?en croit pas ses yeux ! La neige, vers le haut, est bleuâtre ! Il voit le jour à travers ! ça lui donne un coup de fouet. «C?est trop bête? Je n?ai pas plus d?un mètre au-dessus du dos ! Si la neige avait fondu autour de mes jambes, je pourrais me retourner et creuser? J?ai déjà dû passer une nuit là-dessous? Comment sont mes mains ? D?abord, remuer les doigts pour qu?ils se réchauffent?» Quand il a retrouvé l?usage de ses mains, Kiell fait le même travail avec ses bras et ses épaules. Il peut les bouger un peu, maintenant que la neige a laissé une petite cavité autour de lui, comme un cocon. Et puis, il se dit : «Il faut que je mange ! Après, je tâcherai de me replier et de dégager mes jambes avec mon couteau.» A force de contorsions, il parvient à dégager ses épaules du sac tyrolien. Son bras droit, qui était replié sous lui, est maintenant en meilleure position. Il est encore ankylosé, parce qu?il est resté trop longtemps immobile. Kiell parvient quand même à faire passer le sac devant sa tête, il en sort une des trois perdrix blanches. Elles sont plus gelées que lui, parce qu?elles sont mortes. «Il doit faire zéro degré, pense Kiell Ericson. Peut-être un degré au-dessus, à cause de mon corps. Si j?étais dehors, je serais mort dans la nuit ! Là-haut, il a dû faire moins dix ou moins quinze à trois heures du matin? Il va falloir que je mange les perdrix crues. ça va être dégoûtant. Je ne peux même pas les plumer? Il me faut mon couteau, que je les ouvre, au moins !» Toujours en se contorsionnant dans son cocon de neige, Kiell Ericson parvient à saisir son couteau de la main gauche et à le ramener devant lui. Il l?enfonce dans une perdrix en tâtonnant pour trouver le ventre. Il l?ouvre en deux, la vide, et se dit : «Je ne mange pas les abats, parce que j?en suis au premier jour. Dans trois jours, je serai bien content de mâcher le gésier et les intestins». Il mange un peu de la perdrix crue par l?intérieur, la rongeant comme un rat. Il pense : «Je suis moins qu?un rat. Le rat se fait un trou. Il faut que je fasse le mien. D?abord, dégager mes jambes avec mon couteau !» Deux jours et trois nuits plus tard, il n?y est toujours pas arrivé. C?est alors qu?en se réveillant, il découvre quelque chose de nouveau : sa position a changé. La neige, sous lui, a encore descendu, sauf sous ses jambes, parce que les bottes de ski bourrées de foin qui lui montent au-dessous des genoux, si elles ont protégé ses mollets et ses pieds au début, ont aussi protégé la neige de sa chaleur animale. Ses jambes sont donc restées comme elles étaient, bizarrement croisées, scellées dans la neige, comme sont scellés ses skis de fond attachés à ses bottes ! Et comme le reste du corps est descendu, il est maintenant tordu comme un pantin. De ce fait, il a maintenant très mal au genou gauche, dont l?articulation force à l?envers et à la cheville droite qui est toujours tordue. De temps en temps, pour soulager ses articulations, Kiell se soulève sur les mains pour remettre un instant son corps à l?horizontale. Mais maintenant, il ne peut plus. Il reste ainsi, dans sa petite caverne de neige, la tête et le torse plus bas que les jambes, la tête tournée sur le côté ; il l?introduit à l?intérieur du sac tyrolien quand il sent qu?il va s?endormir. Il a mangé les trois perdrix blanches qu?il avait, tout ce qui pouvait se manger. Après les avoir rongées par l?intérieur, se forçant à mâcher longuement les lambeaux de chair crue, il lui est resté les abats. Il les a mangés, recrachant les petits cailloux du gésier. Il a vomi lamentablement, quand il a mangé les foies crus, parce qu?il n?a pas pu enlever le fiel. (à suivre...)