– L'Algérie a-t-elle les capacités de produire sa propre semence ? Oui, pour ce qui est des plants de pré-base. Non seulement le centre de Sétif possède toutes les capacités, mais il y a eu l'expérience très intéressante de la Société de développement agricole (Sodéa) appartenant à Brahim Hasnaoui, le PDG du groupe éponyme, qui a entamé – entre 2005 et 2008– la production de ce type de plants avec l'australien Technico. Cette firme internationale a aidé la Sodéa à produire à grande échelle de la semence. Des résultats très encourageants ont été obtenus dès 2007/2008. Mais Hasnaoui a été contraint de mettre fin à ce projet ambitieux et prometteur. – Par qui ? Il avait planté plus de 100 hectares dans la région d'El Goléa. En homme très avisé, il avait choisi des terres qui n'avaient jamais été cultivées auparavant, ce qui le mettait à l'abri de toute mauvaise surprise. Pourtant, les services de contrôle ont décrété que le sol était infesté de nématodes. On a même parlé de nématodes spécifiques de la patate, ce qui est encore plus surprenant. Pire, on interdit à Hasnaoui de produire et on laisse d'autres le faire dans la même région. Je trouve cela criminel ! Dans l'affaire, Hasnaoui a certes perdu une dizaine de milliards et une saine ambition, mais ce qui est regrettable, c'est que cet entrepreneur est un véritable patriote. Lui a les moyens de rebondir, mais pas l'Algérie qui se serait mise à l'abri en produisant sa propre semence. – On vient d'annoncer la création de la première patate algérienne… C'est un blasphème que de venir annoncer cela avec autant de légèreté. Pour produire une variété, il faut au minimum 15 à 20 ans. Pour parler de création variétale, il faudrait au préalable disposer d'une banque de gènes, ensuite il eut fallu que le Centre national de contrôle et de certification des semences l'inscrive dans ses registres, ce qui n'a pas été fait, à ma connaissance. Il s'agit d'un clone livré par le Centre international de la pomme de terre dont on ne sait rien. On doit au minimum connaître la couleur de sa peau, sa résistance à certaines maladies, ses caractéristiques culinaires (frites, chips, purée). Je reste perplexe face à cette annonce qui nous éloigne de l'objectif assigné au centre algéro-coréen de Sebayn (Tiaret) qui est de produire de la semence et non des variétés ! En fait, nous n'avons rien créé, nous avons juste multiplié le clone ramené du CIP. Un peu d'humilité ne nous fera que du bien.