Deux terroristes ont été abattus par les services de sécurité, dans la nuit de mardi à mercredi, au cours d'une embuscade tendue à l'intersection du CW42 et de la RN106, au lieudit Aftis, commune de Boudjellil, à quelque 90 km du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Selon des témoignages concordants recueillis sur le site même de l'opération, un ou deux autres terroristes auraient réussi à prendre la fuite vers une direction inconnue. Des témoins oculaires nous ont affirmé que peu avant 21h, des policiers en civil avaient discrètement pris place aux alentours de l'intersection. Quelques minutes avant l'arrivée du véhicule suspect, ces policiers ont pris le soin de demander aux jeunes gens présents sur place de rentrer chez eux. Lorsque la Renault Clio Classic à bord de laquelle se trouvait le groupe terroriste s'est immobilisée avant de s'engager sur la route d'Allaghane, venant de Beni Mansour, les policiers ont ouvert le feu. Au bout de quelques minutes de fusillade, le véhicule a explosé, ce qui laisse supposer que le groupe transportait une quantité indéterminée d'explosifs. Durant toute la matinée d'hier, les experts de la police scientifique se sont attelés à recueillir un maximum d'indices tout autour de la voiture, dont il ne restait plus qu'une carcasse calcinée et les cadavres carbonisés de deux terroristes. De même, des recherches ont été lancées pour retrouver la trace du ou des fuyards. Depuis près d'un mois, la région comprise entre Ighil Ali, Aït Rzine, Boudjellil et Beni Mansour est systématiquement bouclée par les forces armées engagées dans la lutte antiterroriste. Il y a cinq jours, pas moins de sept casemates nouvellement aménagées ont été découvertes dans la région de Moka, sur les hauteurs boisées d'Ighil Ali, lors d'un ratissage alors qu'à la même date, pratiquement, un groupe de quatre terroristes, sur lequel un important arsenal de guerre a été découvert, a été éliminé à Ahnif. La multiplication d'incidents sécuritaires et de mouvement suspects accrédite l'hypothèse d'un repli stratégique vers cette zone densément boisée. Cela ne date pas d'hier, puisqu'on se rappelle que quinze jours avant le fameux attentat de Mansourah, qui a fait 22 victimes parmi les éléments de la Gendarmerie nationale, un immense camp de base d'une cinquantaine de lits et de dizaines de tentes a été découvert dans le maquis situé entre Moka et Tabouaânant. C'est-à-dire à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau du lieu de l'attentat de Mansourah. A ce titre, d'ailleurs, un élément de la lutte antiterroriste nous a affirmé que les armes subtilisées lors de cet attentat n'ont jamais quitté la région. Plusieurs éléments engagés depuis longtemps dans la lutte antiterroriste que nous avons interrogés confirment que la région des Bibans, s'étalant sur les communes de Boudjellil et Ighil Ali, est devenue une importante zone de repli pour les éléments d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) qui tentent de fuir la pression exercée sur eux à Bordj, M'sila, Tizi Ouzou et Bouira. Cette zone de transit est en effet idéalement située entre les régions de Jijel, Bordj Bou Arréridj, M'sila, la zone infestée de Tamellaht à Bouira et la Kabylie du Djurdjura, directement accessible par Tikjda et Tala Guilef. En outre, elle offre toutes les garanties recherchées par les émirs d'AQMI : vastes maquis, accès difficile, présence de cours d'eau et de sources, proximité de l'axe routier Est-Ouest et absence de casernes de l'armée. Selon un vieux baroudeur qui a écumé tous les maquis de la région et que nous avons rencontré sur le site même de l'embuscade d'Aftis, le renseignement basé sur la localisation d'appels et les écoutes radio est devenu la clé de voûte de la lutte antiterroriste. Le matériel acquis dans ce cadre permet désormais de localiser des appels téléphoniques avec une grande précision. A tel point que les terroristes ont reçu pour consigne de ne plus effectuer d'appels à partir des maquis. Ils doivent pour ce faire se rapprocher de zones habitées pour émettre des appels sans risquer d'être repérés.