Le barrage d'El Karimia, au pied du mont de l'Ouarsenis, à 30 km au sud-est de Chlef, a atteint un niveau d'envasement alarmant, estimé à 60% de sa capacité de stockage initiale, s'élevant à 228 millions de mètres cubes. Aujourd'hui, il ne peut emmagasiner que 100 millions de mètres cubes, un volume qui a pu être atteint récemment grâce aux fortes précipitations enregistrées depuis l'hiver 2018. C'est la première fois d'ailleurs, depuis 35 ans, qu'il s'est hissé à un tel niveau, ce qui représente quand même un apport appréciable pour l'irrigation de la plaine est du Cheliff. Cependant, le seuil d'envasement reste très préoccupant et risque de réduire encore la surface de stockage des eaux, ce qui aura vraisemblablement des conséquences négatives à moyen terme sur l'irrigation de toute la plaine est du Cheliff, allant d'Oued Fodda jusqu'à Chlef et Oum Drou, en passant par El Karimia, Bir Saf Saf et Harchoun. La menace est d'autant plus réelle que les besoins en eau vont sensiblement évoluer avec la réhabilitation en cours du périmètre irrigué de cette région, représentant la moitié des 18 000 hectares constituant l'ensemble de la superficie de la plaine du moyen Cheliff. Il faut rappeler que lors de sa visite dans la wilaya de Chlef en novembre 2017, le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, avait promis de prendre en charge cette situation grâce à l'acquisition par l'ANBT de bateaux de dragage, dont la réception était prévue dès mars 2018. Ce type d'équipement est destiné au désenvasement en priorité des ouvrages particulièrement affectés par ce phénomène, à l'image du barrage d'El Karimia, mis en service en 1932 pour l'irrigation d'un périmètre agricole de près de 20 000 hectares. Ce potentiel hydro- agricole fait l'objet, depuis les années 1990, d'un vaste plan de réhabilitation du réseau d'irrigation hérité de la période coloniale. Une bonne partie des équipements hydrauliques (ouvrages et canalisations), s'étendant sur 13 000 ha, a été achevée, tandis que des travaux similaires sont en cours sur 2800 hectares. L'objectif des autorités est de faire de la plaine du Cheliff un pôle arboricole par excellence, surtout dans la production des agrumes, dont la culture devrait atteindre, à l'horizon 2025, une surface globale de 10 000 hectares, contre 6500 actuellement.