Ankara a menacé de rappeler son ambassadeur en Israël « si la crise avec ce pays, née du traitement réservé à ce diplomate par les responsables israéliens, n'est pas résolue », a déclaré le chef de l'Etat turc, Abdullah Gül. « Un délai a été accordé à Israël jusqu'à hier soir. S'il ne rectifie pas ''l'erreur'', notre ambassadeur rentrera aujourd'hui par le premier avion », a-t-il dit. L'ambassadeur turc, Oguz Celikkol, a déclaré hier dans une interview au quotidien Haaretz : « Durant mes 30 ans de carrière de diplomate, je n'ai jamais été autant humilié. » Tel-Aviv, qui ne veut pas de pourrissement dans ses relations avec un partenaire « stratégique » dans la région, a présenté ses excuses mais à sa manière. Le numéro deux de la diplomatie israélienne, Danny Ayalon, s'est excusé de la façon dont il avait traité l'ambassadeur turc à Tel-Aviv pour protester contre un téléfilm turc jugé antisémite et anti-israélien, dans un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi : « Je maintiens ma protestation contre les attaques en Turquie visant Israël. Toutefois, il n'est pas dans mes habitudes d'insulter les ambassadeurs étrangers et à l'avenir, je clarifierai ma position par des voies diplomatiques plus acceptables. » Dans un communiqué publié hier matin, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, s'est déclaré « satisfait » de ces excuses. Celui-ci pense que « les protestations du ministère des Affaires étrangères auprès de l'ambassadeur turc étaient justifiées sur le fond, mais auraient dû être transmises d'une façon diplomatique plus acceptable », a ajouté ce texte. Des excuses jugées par la Turquie « insuffisantes ». « Nous trouvons la déclaration israélienne insuffisante », ont affirmé des responsables du ministère turc des Affaires étrangères, cités par l'agence Anatolie. De son côté, le chef de la diplomatie israëlienne, Avigdor Lieberman, réputé être hostile à tout rapprochement avec la Turquie, a déclaré, à partir d'Athènes, où il était en visite : « Nous ne sommes pas intéressés par une confrontation ou une dispute avec la Turquie. Nous avons eu de bonnes relations avec la Turquie pendant de nombreuses années et nous respectons l'Etat et le peuple turcs, mais c'est exactement ce que nous attendons en retour, qu'ils nous traitent avec dignité et respect ! » Cet incident diplomatique menace, sans doute, de dégénérer en crise entre Israël et la Turquie, dont les relations sont tendues depuis la dévastatrice offensive israélienne contre la bande de Ghaza, en 2009.