La commune de Boudouaou El Bahri, située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de wilaya de Boumerdès, accuse des retards considérables en matière de développement. Les habitants de cette localité qui recèle d'inestimables potentialités touristiques se plaignent de plusieurs difficultés et parlent de nombreux_ manques dans tous les domaines. La commune est composée de trois importantes agglomérations, (le chef-lieu, Gouigah et le Plateau) et a une population estimée à 14 500 habitants. Le chef-lieu de la commune, habité par 8% de la population, est constitué d'une cinquantaine de villas qui remontent à l'époque coloniale et de quelques nouvelles cités. Mais, ce qui attire l'attention est l'absence d'infrastructures permettant le développement touristique tant attendu dans cette localité. « Les responsables ont annoncé de grandioses projets à vocation touristique, durant ces dix dernières années, mais nous n'avons rien vu venir », nous dira un habitant de la région. Aujourd'hui, cette agglomération n'est dotée d'aucun établissement hôtelier ou restaurant pouvant permettre un séjour agréable aux visiteurs. « Pour le moment, nous n'avons que trois épiceries générales, un pharmacien, deux cafés, un bureau de poste, une salle de soins, une école primaire et un taxiphone », murmure un autre citoyen. Ici, il n'y a ni CEM, ni lycée, ni de cybercafé, et encore moins un marchand de journaux. Les habitants se plaignent aussi de l'absence du gaz naturel, et de la vétusté du réseau AEP qui n'a pas été refait depuis des décennies. Récemment, et suite à une visite dans la région, des membres de l'APW y ont relevé, contre toute attente, « l'existence de 90 logements promotionnelsl, construits à 100 m de la côte, sans aucune autorisation et dont 50% des propriétaires sont étrangers à la wilaya ». Au niveau des deux autres agglomérations, à savoir le Plateau et Gouigah, qui abritent près de 90% de la population de la commune, ce sont les habitations précaires qui posent problème. Celles-ci ne cessent, en effet, de s'étendre anarchiquement sur des terres à grand rendement agricole. Les habitants de ces sites sont constitués pour la plupart de nouveaux arrivants qui sont venus des régions de l'intérieur du pays durant la fin de la décennie noire. Certains avaient squattés des terres agricoles où ils avaient érigé des baraques de fortune, tandis que d'autres ont acheté de vastes parcelles de terrain avant de les transformer en véritables haouchs. Aujourd'hui, les terres fertiles que recèlent ces deux agglomérations ne cessent de se rétrécir, comme une peau de chagrin, à cause de la prolifération des baraques de fortune. D'énormes anomalies et de graves dépassements y ont été ainsi signalés. Certains propriétaires ont loué leurs terres à de tierces personnes pour leur exploitation dans le cadre commercial. Récemment, des élus de l'APW se sont interrogés sur les raisons ayant poussé les responsables à octroyer une surface de 100 ha pour la réalisation d'équipements au profit du secteur de la justice avant l'approbation du PDAU. L'on a soulevé également le cas des baraques qui ont été construites avec des aides du séisme en dehors du PDAU et sur des terres agricoles sans autorisation de la direction de l'urbanisme et de la construction. Mais le massacre urbanistique ne s'arrête pas là, car l'on relève aussi le cas d'une parcelle fertile qui a été transformée en un dépôt de tuf par la société EVSM à Gouigah. « Si l'on continue comme ça, on risque de se retrouver avec une moyenne de 0,08 ha par habitant à l'horizon 2015 alors que cette moyenne était de 15 ha par habitant au lendemain de l'indépendance », a averti un élu à l'APW. Il est à noter dans ce cadre que Boudouaou El Bahri est la commune la plus touchée par le phénomène de l'habitat précaire dans la wilaya, avec 13 sites et 734 barques. Pour le moment, les responsables préconisent comme seule solution pour stopper et éradiquer ce phénomène, le réaménagement global des deux sites. Rappelons enfin que cette localité a bénéficié d'un programme de 500 logements (200+300) dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire (RHP) mais les travaux tardent toujours à démarrer.