On ne peut pas choisir quelqu'un qui n'a pas postulé». Tristes aveux faits par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à l'annonce du noyau constitutif de la future Académie des sciences lors de la conférence de presse animée conjointement avec les membres du jury international. Tahar Hadjar se désole ainsi que les grands chercheurs algériens établis à l'étranger boudent la nouvelle instance. Et ce, malgré les assurances de professeurs et chercheurs étrangers présents à la conférence. M. Franck Richter, professeur à l'université de géophysique de l'université de Chicago et membre de l'Académie américaine des Sciences et Technologies, a affirmé que les universitaires et chercheurs algériens sont de «niveau international». M. Joel Cohen, quant à lui, a reconnu le niveau scientifique des membres choisis pour la future ASAT, qu'ils considèrent de «niveau mondial». Le noyau constitutif de la future Académie est composé de 46 membres dont la moyenne d'âge est de 57 ans. Parmi les membres choisis, 11 femmes ont été sélectionnées par un jury international sur un total de 364 candidats universitaires et chercheurs représentant plusieurs spécialités des sciences et des technologies et issus de 15 établissements universitaires. Sur les 46 membres, 4 sont issus de la communauté algérienne établie à l'étranger. La future ASTA comptera neuf spécialités, dont les mathématiques, la chimie, la physique, les technologies de l'information et les sciences médicales. Le ministre a précisé par ailleurs que le noyau constitutif se chargera de sélectionner ses futurs membres parmi les candidats intéressés en se conformant aux textes régissant cette académie, à raison de 25 nouveaux chercheurs annuellement, pour atteindre un total de 200 membres. En outre, Catherine Brechignac, Secrétaire perpétuelle de l'Académie française des Sciences, a indiqué que l'ensemble du jury s'est basé exclusivement sur le niveau scientifique en prenant en compte l'équilibre entre les disciplines pour constituer un noyau scientifiquement homogène, ajoutant que le jury a été complètement indépendant dans ses choix. La liste des universitaires et chercheurs algériens retenus pour constituer le noyau de cette Académie a été délivrée ce lundi au Premier ministre. D'autre part, l'absence des sciences humaines n'est pas restée sans explication. M. Brechignac explique qu'il est impératif de «séparer les variables» dans la mesure où les avis de sciences humaines et sociales relèvent d'une autre dimension qui, nécessairement, nécessite aussi des avis qui ne sont pas de même nature que ceux des sciences exactes. Rappelons qu'en février dernier, un grand nombre d'universitaires ont dénoncé la désignation de la nomenclature du noyau de la future ASTA, en indiquant que la procédure a été conclue en catimini, sans en avoir informé officiellement la population concernée de manière directe et efficiente.