Matinée mouvementée hier à la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou. Dès 9h, des affrontements ont opposé des jeunes de la cité Mohamed Boudiaf aux forces antiémeute. La police est intervenue après que des chômeurs aient tenté de construire, sans autorisation, des locaux commerciaux sur le site de l'ex-Souk El Fellah attenant au quartier. Tout a commencé vendredi, dans la soirée, quand les concernés ont commencé le traçage de leurs futurs échoppes en vue d'entamer les premiers travaux. L'intervention des services d'ordre a fait sortir les protestataires dans la rue. Ils sont revenus à la charge, hier, en fermant l'axe du rond-point d'Ihasnaouène à la circulation automobile avec des barricades de fortune. Des dizaines d'éléments de la brigade antiémeute ont été déployés pour disperser les manifestants à l'aide de bombes lacrymogènes. La situation a vite dégénéré. A notre arrivée sur les lieux, vers 10h, les heurts faisaient encore rage entre les deux camps. Acculés par la réaction musclée des forces de l'ordre, soutenus par un camion chasse-neige, les habitants, des jeunes issus essentiellement de la cité des 2000 Logements, ripostaient par des jets de pierres. Un épais brouillard de gaz, perceptible de loin, rendait l'air irrespirable. L'atmosphère rappelait les émeutes qui ont embrasé la région en 2001. Mouchoirs aspergés de vinaigre en guise de masques, les manifestants repartaient à l'attaque en ouvrant des brèches dans le dispositif mis en place par les services de sécurité. Les hostilités ne cesseront que vers la mi-journée, après l'intervention de personnes âgées qui ont appelé au calme. Des pourparlers ont alors été engagés entre des officiers de police et des représentants de la population qui ont exigé la libération des 8 personnes arrêtées. Ces jeunes menacent de reprendre le chemin de la protestation, dans les prochains jours, si leurs doléances ne sont pas prises en charge par les pouvoirs publics dans les plus brefs délais. « Les autorités ont décidé de fermer le marché de fruits et légumes de notre cité, situé en face de la nouvelle clinique privée qui vient d'ouvrir ses portes. Nous exerçons ici depuis le début des années 1990. Nous n'avons pas où aller. En 2008, nous avons reçu des promesses qu'on pourrait bénéficier de quelques locaux dans le projet prévu sur le site de l'ex-Souk El Fellah, mais rien de tout cela à ce jour », ont déploré les concernés. « Le chef de daïra est venu nous voir vendredi soir. Il nous a demandé de patienter. Mais jusqu'à quand, maintenant que la fermeture du marché est imminente ? Nous avons mené plusieurs actions de protestation, mais rien n'a été fait », fulmine un protestataire. « Moi-même, je suis chômeur. Qu'on laisse ces jeunes gagner un peu d'argent. Il nous faut un marché de proximité à la Nouvelle-Ville. Et le terrain de l'ex-Souk El Fellah est le plus indiqué pour cette activité avant qu'il ne soit détourné à d'autres fins », dira pour sa part un père de famille.