Une IU est une infection bactérienne de la vessie appelée cystite ou de l'urètre – canal excréteur de l'urine – dite urétrite. Dans le cas le plus grave, cette infection peut remonter jusqu'au rein, provoquant ce que est appelé une pyélonéphrite. «Les infections urinaires constituent un problème de santé particulièrement important. En fréquence, cette pathologie est classée au second rang des motifs de consultation et de prescription d'antibiotiques après les infections pulmonaires. Ce type d'infections représente environ 40% des infections nosocomiales – maladie contractée dans les hôpitaux – chez l'adulte, dont 80% sont associées à la mise en place d'une sonde vésicale», informe l'étudiante. Selon Mlle Boutaouche, la prévalence de l'infection urinaire dépend de multiples facteurs, notamment l'âge et le sexe. L'incidence est plus élevée chez les femmes, notamment celles sexuellement actives ou enceintes. A l'inverse, les hommes sont rarement touchés par cette infection et ce sont généralement les hommes âgés de plus de 50 ans qui en sont la cible. «Certaines personnes sont susceptibles de contracter ces infections, entre autres les enfants – surtout les nourrissons – les femmes enceintes, les personnes âgées ou immunodéprimées et les diabétiques», explique-t-elle. En temps normal, l'urine est dénuée d'organismes infectieux. Cependant, il arrive que des bactéries s'introduisent dans le système urinaire via l'urètre. Elles s'y multiplient et créent alors une inflammation. Selon l'étudiante, les germes responsables des infections urinaires sont les entérobactéries avec Escherichia coli comme chef de file, suivie de Klebsiella et Proteus et certaines bactéries telles que le Staphylococcus et Streptococcus. L'étiologie bactérienne est généralement stable au fil du temps, mais elle diffère selon les personnes rencontrées. Par ailleurs, Mlle Boutaouche explique que le travail de mémoire a été réalisé à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja. L'étude des deux étudiantes est structurée en plusieurs parties, dont une revue bibliographique traitant de l'aspect bactériologique des infections urinaires, ainsi qu'une étude rétrospective. «Le travail que nous avons réalisé au laboratoire de l'hôpital militaire HCA a porté sur une étude prospective et une autre rétrospective qui nous ont permis en plus d'acquérir une certaine expérience lors de nos manipulations, d'avancer quelques conclusions concernant l'aspect bactériologique des infections urinaires pour les différents cas que nous avons étudiés, ainsi que la résistance aux antibiotiques des germes isolés», se félicite l'étudiante. «Nous avons effectué au cours de notre travail de mémoire 4243 prélèvements d'urines de patients externes et hospitalisés. Et ce, afin d'assurer la validité des résultats. Des souches de référence telles que Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa ont été utilisées dans le but de contrôler les disques d'antibiotiques et la qualité des milieux de cultures», développe l'étudiante. S'agissant des causes des infections urinaires, l'étudiante explique que cela diffère d'un sujet à un autre. Chez l'homme, l'infection urinaire survient généralement à partir de 60 ans en raison de la fréquence des uropathies obstructives – inversion du sens de l'écoulement de l'urine : plutôt que de s'écouler depuis les reins vers la vessie, l'urine reflue vers les reins – cela est connu comme un adénome (tumeur) prostatique. Chez les femmes, les infections urinaires sont très fréquentes, car l'urètre est court et se trouve à proximité de l'anus où les Escherichia coli prolifèrent. «Dans notre travail de mémoire, nous avons constaté une prédominance du sexe féminin chez les diabétiques (24%), ainsi que chez les immunodéprimées (52%). Cela est probablement dû au fait que les femmes sont prédisposées anatomiquement (brièveté de l'urètre entraînant des infections ascendantes par la flore anale digestive) à ces infections plus que les hommes», précise-t-elle. Il existe aussi d'autres raisons, entre autres la diminution normale des hormones œstrogènes et des sécrétions vaginales après la ménopause et certaines habitudes d'hygiène facilitant la colonisation du vagin et de l'urètre par des bactéries d'origine digestives. «Il convient également de préciser que les patients de plus de 65 ans sont plus exposés au risque d'une infection urinaire. La vieillesse est ainsi un des facteurs favorisant l'apparition d'une bactériurie, (chez 20% des vieillards institutionnalisés non sondés et chez 30% vivant en milieu hospitalier ou en soins continus). Cette fréquence s'explique surtout par la réduction fréquente des moyens de défense naturelle et la diminution des défenses immunitaires humorales et cellulaires (chez l'homme l'hypertrophie prostatique, et une cystocèle chez la femme). Les diabétiques, les femmes enceintes, les patients ayant une cardiopathie, une insuffisance rénale, une hypertension artérielle ou une immunodépression et les malades souffrant de malnutrition sont susceptibles de contracter une infection urinaire», avance Mlle Boutaouche. Par ailleurs, l'étudiante est arrivée au résultat que les infections urinaires sont significativement prédominantes chez des patients externes dans 1958 cas (78%) par rapport aux patients hospitalisés avec 561 cas (22%). Par ailleurs, Mlle Boutaouche souligne que l'analyse du profil de la résistance des entérobactéries révèle que le taux de résistance de ces derniers est plus élevé chez les patients hospitalisés au regard des autres externes. «Il faut savoir que les souches retrouvées en milieu hospitalier sont caractérisées par leur multi-résistance aux antibiotiques. Elles sont responsables d'infections dites ‘‘nosocomiales''», explique-t-elle en ajoutant que toutes les souches sont sensibles à un type d'antibiotique appelé imipenème qui est à usage exclusivement hospitalier. Les entérobactéries n'ont pas ou peu encore développé des mécanismes de résistance à cet antibiotique. «Nous avons constaté également, lors de notre étude, que les fréquences de la résistance globale des souches d'entérobactéries isolées des différents terrains et celles isolées en milieu hospitalier et communautaire présentent des taux de résistance élevés vis-à-vis des Bétalactamines – les antibiotiques les plus souvent utilisés -, tandis que la majorité était sensible à l'imipenème. Cela explique la place qu'occupe cet antibiotique dans le traitement des infections sévères à bactéries multi-résistantes», indique-t-elle. Mais qu'est-ce qui provoque cette forte résistance aux antibiotiques ? L'étudiante apprend que ces augmentations alarmantes de la résistance aux antibiotiques sont dues principalement à l'utilisation massive et injustifiée des antibiotiques, ainsi qu'à l'utilisation excessive des antibiotiques à large spectre (les céphalosporines de deuxième et troisième générations). Cependant, Mlle Boutaouche fait savoir qu'aucune découverte fondamentale n'a encore vu le jour concernant les infections urinaires depuis 20 ans. Les résultats rapportés dans cette étude sont semblables à ceux retrouvés dans les anciennes recherches, notamment l'étiologie bactérienne qui est généralement stable au fil du temps avec E.coli en tête, à des taux supérieurs à 66,65%. «En effet, d'après nos résultats, la diminution d'E.coli s'accompagne d'une augmentation d'une autre espèce. A titre d'exemple, chez les nourrissons la baisse d'E.coli (55%) s'accompagne d'une élévation de K. pneumoniae (25% )», instruit-elle. L'émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques à l'échelle mondiale est un problème récurrent, en particulier en milieu hospitalier. Les laboratoires d'analyses microbiologiques revêtent alors toute leur importance en suivant régulièrement l'évolution de ces résistances. La prise de conscience des cliniciens et pharmaciens est également capitale pour limiter l'utilisation abusive des antibiotiques assurant ainsi un succès thérapeutique à long thème.