Dans le monde, sur les 58 millions de décès par an enregistrés, 25,5% sont dus aux infections urinaires. C'est le professeur Lecheheb, chef de service des maladies infectieuses au CHU de Sétif, qui a avancé ce chiffre lors de la sixième Journée internationale d'infectiologie, organisée par son service. Mais qu'est-ce une infection urinaire ? Y a-t-il des prédispositions ? Et comment s'en prémunir ? Qu'est-ce qu'une infection urinaire et comment la reconnaître ? Les infections urinaires sont dues à des germes, qui colonisent les voies urinaires et contaminent les urines. Elles sont très fréquentes et peuvent toucher plusieurs organes du système urinaire : la vessie, les reins, l'urètre et la prostate. Qui est le plus touché par les infections urinaires ? Pour des raisons anatomiques, les femmes sont plus souvent touchées par ces infections qui prolifèrent au niveau de la vessie. Selon des études internationales, les infections urinaires sont très fréquentes chez les femmes : entre 20 et 40% des femmes feront une telle infection au cours de leur vie, tandis que 2 à 4% des femmes en souffrent tous les ans. Sur le site internet doctissimo, il est expliqué que chez la femme, le méat urinaire est proche de l'anus où sont toujours présentes des bactéries. Ces dernières peuvent remonter le long de l'urètre vers la vessie et proliférer dans l'urine. Un défaut d'hygiène locale peut donc favoriser les infections urinaires de la femme. L'homme en est relativement protégé grâce à la distance qui sépare l'anus du méat urinaire — orifice situé à l'extrémité du gland — (la longueur de l'urètre masculin est en moyenne de 16 cm, alors que celle de l'urètre féminin est de 2 cm). L'infection urinaire est donc plus souvent chez lui la traduction d'une anomalie au niveau des voies urinaires, en particulier l'existence d'un adénome de la prostate (qui provoque une stase des urines dans la vessie). Qu'est-ce qui provoque les infections urinaires ? Il s'agit des bactéries (ou germes) responsables et qui sont le plus souvent de la famille des entérobactéries, qui veut dire bactéries d'origine digestive. Il est à citer notamment Escherichia coli (80% des cas) ; Proteus mirabilis (qui favorise les calculs) ; Enterobacter et Citrobacter. Quels sont les symptômes des infections urinaires ? Parfois, l'infection urinaire n'entraîne aucun symptôme, en particulier chez les personnes âgées. L'infection urinaire peut se traduire par une fièvre isolée, sans aucun autre trouble, en particulier chez l'enfant ou les personnes âgées. Typiquement, l'infection de la vessie (cystite) se manifeste par des brûlures pendant les mictions et des besoins fréquents d'uriner. Les urines sont parfois troubles, hémorragiques et/ou malodorantes. Il existe souvent une douleur ou une pesanteur dans le petit bassin. L'infection de l'urètre (urétrite) se manifeste de la même façon que la cystite. L'infection du rein (pyélonéphrite) est responsable de signes généraux : fièvre élevée à 39°-40°, frissons, altération de l'état général. S'y associent des douleurs lombaires qui peuvent être bilatérales. Parfois sont également présents les signes de la cystite. L'infection de la prostate (prostatite) se traduit par des brûlures en urinant, des besoins fréquents et des faibles volumes urinés. Existent également une fièvre élevée, des frissons et parfois des signes grippaux (douleurs musculaires ou articulaires). Il peut exister un écoulement de pus par le méat urétral. L'urine peut être trouble et malodorante. Quels sont les causes et facteurs de risque des cystites ? Normalement, l'urine est stérile. Elle contient de l'eau à 96%, des sels et des composants organiques, mais elle est exempte de micro-organismes. Cependant, en cas d'infection urinaire, des agents infectieux parviennent à coloniser le système urinaire. L'urine est alors contaminée : c'est en recherchant la présence de bactéries dans l'urine que le médecin confirme le diagnostic d'infection urinaire. Chez l'enfant, une malformation congénitale augmente le risque d'infections urinaires. La malformation peut toucher les voies urinaires mêmes ou la colonne vertébrale (Spina bifida). L'immaturité des voies urinaires chez les nourrissons peut favoriser le développement des infections urinaires du fait d'un reflux vésical. Chez la femme, les causes anatomiques constituent les facteurs de risques principaux comme expliqué auparavant. A cela s'ajoute le fait de ne pas uriner juste après les rapports sexuels (pour évacuer les bactéries qui sont entrées dans l'urètre) qui est un autre facteur important. Aussi, le fait de retenir trop longtemps son envie d'uriner, garder de l'urine dans la vessie étant une manière de donner le temps aux bactéries de se multiplier. La constipation est un autre facteur favorisant, car la stagnation prolongée de matières fécales dans le rectum est une source permanente d'infestation. Plus rarement, l'infection urinaire est causée par une malformation de l'appareil urinaire (remontée des urines de la vessie vers le rein par exemple) ou gynécologique (brides de l'hymen). Chez la femme enceinte, l'augmentation du volume de l'utérus entraîne une compression des voies urinaires, les modifications hormonales créent un milieu favorable à la prolifération des germes et diminuent les capacités de défenses naturelles contre les infections urinaires. Qu'en est-il des habitudes d'hygiène intime ? Il est à noter que l'utilisation régulière de produits de toilette intime irrite la région génito-urinaire et entraîne un déséquilibre de la flore bactérienne du vagin. Ceci facilite alors la prolifération des germes au niveau du vagin et expose l'urètre à une éventuelle contamination. Les urines constituent en effet un bon milieu de culture pour ces germes. L'organisme se défend contre l'infection urinaire par la vidange de la vessie : un apport d'eau suffisant 1.5 l à 2 l par jour pour assurer un bon débit urinaire est donc primordial.