Des milliards ont été dépensés pour la réhabilitation d'un site grandiose, qui a été ensuite livré aux noceurs et autres noctambules pour le saccager .Au lieu d'accueillir des touristes, l'endroit est investi par les vaches. D'aucuns se demandent à quoi auront servi ces milliards dépensés pour l'aménagement du site classé par l'Unesco sur lequel est érigé le tombeau de Massinissa, (v 238-148 av. J.-C., roi de Numidie). « C'est dommage d'abandonner un site pareil aux actes de vandalisme », fera remarquer avec dépit A. S., un citoyen, très intéressé par le patrimoine archéologique de sa région. 1ère visite : Ce que nous avons eu à relever sur place, c'est le paradoxe caractérisant l'organisation du gardiennage du site. En effet, qu'espère-t-on garder durant seulement les heures administratives, de 8h à 16h, si au-delà, les lieux sont livrés aux pilleurs et malfrats de tout bord ? Des tags et autres graffitis, dépareillant la pierre taillée avec laquelle est conçu le mausolée, aux projecteurs hors d'usage, à la plaque d'inauguration en marbre dérobée, aux bancs saccagés, aux poubelles subtilisées, aux palmiers nains arrachés (nous les avons trouvés plus loin ornant des habitations de particuliers)…la liste des dommages est très longue ! Questionné à ce sujet, le jeune agent de sécurité, N. B. dira : « Nous n'y pouvons rien, après notre départ il s'en passe des choses. Il nous arrive d'appeler la police, mais on nous répond que la chose ne relève pas de leur juridiction, il faut voir avec la gendarmerie. » Il ajoutera : « Voyez, je ramasse moi-même les détritus en l'absence de ramassage régulier, celui-ci se faisant conjoncturellement. » Quelques jeunes couples, attirés par la beauté de l'endroit, et par ailleurs tout à fait respectables, dénoncent le rôle négatif de certains policiers qui s'adonnent à « une vraie chasse aux sorcières en s'érigeant en gardiens de la morale en (les) malmenant comme de vulgaires voyous au lieu de poursuivre les saccageurs et autres indus visiteurs nocturnes ! » 2ème visite : A l'entrée de la nouvelle ville Massinissa, non loin du site archéologique, les vaches accueillent les visiteurs. En quête de nourriture, elles éventrent des sacs-poubelles, comme des charognards ! La grande benne à ordures, pleine à craquer, est un pâturage de choix pour ces bovidés affamés, dont la présence à l'intérieur même du site est visible par les grosses bouses maculant les allées. Leurs propriétaires, narguant toute autorité, les laissent libres. La dégradation est un peu plus apparente, depuis la dernière fois. Tous les lampadaires, des dizaines et des dizaines, ont été saccagés. Les arbustes étiques se meurent, les grands espaces verts de cette magnifique nature sont envahis par les déchets, surtout le plastique (sachets et bouteilles), et les canettes de bière jetées ça et là dénotent de l'abandon des lieux après 16h. Les projecteurs qui entouraient le Tombeau ont disparu. Seules deux carcasses de spots attestent de l'équipement coûteux de l'endroit dans un passé récent. Elle est loin la visite inaugurale du Président, le 16 avril 2006 ! Et l'on se souvient également du coup de gueule de la ministre de la Culture à l'encontre de l'ex-directeur de l'urbanisme (DUC), provoqué par les travaux engagés sur le site, et de l'intérêt factice manifesté par les autorités…Autant en emporte le vent !