Bien qu'encourageante la décision que le gouvernement vient de prendre en vue d'endiguer la crise qui chamboule la filière laitière depuis plusieurs mois, il reste que les délais impartis à cet effet risquent de s'avérer un défi insurmontable. Le ministre du commerce El Hachemi Djaaboub est revenu sur cette question en réaffirmant qu'il sera procédé à l'importation de pas moins de 300 000 vaches laitières avant la fin de l'année en cours. Toutefois, le ministre n'a pas fourni davantage de détails sur cette opération d'importation. Les procédures pour l'importation des vaches en questions, ont-elles été lancées ? D'où seront-elles importées ? Quel type de vaches à importer ? Autant de questions sur lesquelles le ministre n'a fourni aucune réponse. Toutefois, eu égard à l'énormité de ce marché, de 300 000 têtes de vaches de surcroît, d'aucuns se demandent si le gouvernement parviendra réellement à achever l'opération dans un délai aussi court (moins de trois mois avant la fin de l'année), pour que les vaches soient importées et entrent en production au début de l'année. Sur un autre plan, sachant que le ministère de l'Agriculture a fait part de sa volonté de recourir à l'importation de vaches laitières remonte au mois de juin dernier, il aurait été plus utile que ces dernières soient importées il y a quelques mois. Car, au fur et à mesure que le temps passe, la situation actuelle fait perdurer la crise tout en provoquant d'énormes charges supplémentaires au Trésor public. A présent, la facture d'importation de la poudre de lait a généré des dépenses supplémentaires estimées à quelque 600 millions de dollars depuis le début de la flambée des prix de cette matière sur le marché mondial au mois de mars dernier. En effet, l'Algérie dépense annuellement 700 millions de dollars dans l'importation de la poudre de lait, mais depuis que cette crise a éclaté, cette facture a déjà atteint 1,3 milliard de dollars selon les chiffres fournis par les services du commerce. Les charges ne font que s'alourdir davantage depuis que le gouvernement a décidé de soutenir les producteurs de lait à raison de 15 dinars sur chaque litre de lait pasteurisé produit. Avec le recours à l'importation de vaches laitières, le gouvernement compte aller de l'avant dans sa stratégie de renforcer la production locale pour réduire de l'impact de la forte dépendance et donc de l'importation en matière de lait. Actuellement, la production locale est estimée à 2,2 milliards de litres annuellement, alors que la consommation nationale s'élève à 3,5 milliards de litres. En conséquence, les 300 000 vaches qui vont être importées prochainement auront à combler l'écart qui s'élève donc à quelque 1,3 milliard de litres par année pour que toute la demande nationale soit satisfaite par la production locale. Les capacités de production de ces nouvelles vaches sont évaluées à quelque 4 000 litres par année et par vache. Face à l'insuffisance de la production locale, l'Etat a tout le temps fait recours à l'importation de la poudre de lait. L'importation moyenne de cette matière se situe autour de 100 000 tonnes par an pour un coût moyen de 700 millions de dollars avant que la crise n'affecte le marché mondial.