Le développement dans la wilaya de Tizi Ouzou est toujours au stade embryonnaire. Plus de 76 milliards de dinars de l'enveloppe financière au titre du deuxième quinquennat ont été consommés, mais sans entraîner d'effet significatif sur la vie sociale des citoyens. La résorption de la crise, sous toutes ses formes, dépend indubitablement de la relance et le soutien effectifs des investissements économiques créateurs de richesses et d'emplois. D'aucuns estiment que l'on est encore aux travaux « souterrains », les efforts étant déployés pour l'assainissement des réseaux et la construction des infrastructures de base comme les routes, les installations hydriques et les établissements de santé, de l'éducation de la formation entre autres. Ainsi, les secteurs susceptibles de relancer l'activité économique tels les secteurs du tourisme et de l'industrie, pour ne citer que ceux-là, sont relégués, semble-t-il, à une phase ultérieure. Sûrement pas pour le compte du troisième quinquennat 2010-2014 qui a été présenté récemment par le wali de Tizi Ouzou. Le programme en question est axé sur de grands projets d'infrastructures routières, hospitalières, du parachèvement des installations de l'hydraulique, du gaz et de l'éducation entre autres. La wilaya a bénéficié dans le cadre du nouveau plan quinquennal 2010-2014 de 265,4 milliards de dinars sans compter la somme non consommée du programme précédent qui s'élève à plus de 110 milliards de dinars. Réparti principalement sur les secteurs de l'habitat, de l'hydraulique et des travaux publics, le programme renferme des projets d'envergure visant à parachever des opérations déjà inscrites et lancées depuis des années. Il s'agit de la construction de deux nouveaux barrages qui seront réalisés respectivement à Souk N'Tleta (Tadmaït) et Sidi Khelifa (Azeffoun). En nouveauté, le chef-lieu de wilaya sera également relié à l'autoroute Est-Ouest qui passera par les localités de Draâ Ben Khedda, Draâ El Mizan et Bouira. La finalisation du projet de la modernisation de la voie ferrée Tizi Ouzou-Thenia-Alger, un projet lancé en 2007. Dans le secteur de l'habitat, la part du lion est affectée à l'habitat rural sur un lot de 45 000 logements toutes formules confondues. Ainsi, l'administration compte rattraper le retard enregistré dans le raccordement des foyers au gaz naturel et au réseau AEP d'ici 2014 au vu du volume de travail qui reste à faire. Le tourisme et l'industrie en panne Depuis des années, la situation physique et juridique des 8 zones d'expansion touristique (ZEST) que compte la wilaya de Tizi Ouzou est restée inchangée. Les plus importantes zones, parmi les huit classées selon leur superficie exploitable sont celles de Sidi Khelifa, sise à Azeffoun et Aït Chaffaâ (49 ha), Blerouna à Azeffoun (40 ha) et la ZEST Ferraoun à Tigzirt et Iflissen (20 ha). Les élus interrogés regrettent que la prise en charge des études accuse beaucoup de retard. Un retard qui « perturbe », selon eux, de potentiels investisseurs qui se bousculent à l'investissement. En effet, on apprend qu'à Tigzirt des opérateurs ont manifesté leur l'intérêt afin d'investir dans les ZEST, telle la proposition reçue l'année dernière par l'APC de Tigzirt pour la réalisation d'un village touristique qui engendrerait 100 postes d'emploi. Ainsi, l'organisation et l'optimalisation du foncier touristique pour son l'exploitation que l'ANDT (Agence nationale du développement touristique) se doit de régler, constitue l'un des préalables majeurs pour la relance du tourisme dans la wilaya. Sachant que « la situation juridique de certains lots (privés) situés dans les ZEST sont aggravés par le morcellement et l'indivision qui entraînent la spéculation et les constructions illicites », apprend-on encore. Au chapitre des investissements touristiques, la direction du tourisme n'a pas de quoi se vanter. Depuis deux ans, le responsable du secteur livre le même état des lieux sans avancée significative. Dans le cadre des projets d'investissements touristiques privés, et sur les 13 projets agréés par le ministère de tutelle, 6 seulement sont entamés pour un volume d'investissement de 720 millions de dinars. La direction du tourisme de Tizi Ouzou en avait annoncé 15 infrastructures hôtelières l'an dernier ! Sur le pupitre de l'investissement productif et créateur d'emploi, à Tizi Ouzou, d'aucuns pensent que son environnement économique est décourageant pour les prétendants à l'investissement, quand il ne met pas en difficulté ceux en activité. Ainsi, le manque d'aménagement des zones d'activités et les conflits entre les organismes de gestion et les affectataires des terrains, mais aussi l'apathie des pouvoirs publics et la bureaucratie en sont à l'origine du sous-développement du secteur industriel dans la région. Le nombre de projets exploités (42) dans les zones d'activités reste inférieur au potentiel que l'on peut développer. Et ce, en dépit de la croissance du nombre de lots créés (869) et des permis de construction déposés (229) pour l'installation des infrastructures. En outre, depuis l'installation, il y a cinq mois de son guichet, l'Agence nationale de l'investissement (ANDI) a traité 697 dossiers d'investissements pour un coup global estimé à 14,5 milliards de dinars. Le dispositif s'annonçant prometteur, il n'en demeure pas moins, que les segments attractifs restent le transport (519 projet) et le bâtiment (108) en raison d'un important cahier des charges pour le second. Toutefois, le secteur de l'industrie, qui attend la réhabilitation et l'assainissement des zones d'activités, prévoit 600 postes d'emploi avec seulement 29 projets concrétisés. Un chômage record On l'aura constaté, l'Etat a dépensé et continue à injecter des sommes faramineuses pour la mise à niveau les infrastructures de base et la réalisation des projets structurants. Jusque-là, les autorités locales peuvent se targuer d'avoir construit une dynamique autour de ces programmes, notamment en matière d'emploi dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Cependant, l'impact escompté ne se ressent toujours pas eu égard à l'augmentation du chômage. Officiellement le taux de chômage concerne 25% de la population active, soit le double de la moyenne nationale. Le placement des demandes d'emploi effectuées à travers l'agence de l'emploi de wilaya (AWEM) et le Dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DIAP) s'effectuent essentiellement dans les administrations publiques ou dans le maigre tissu du secteur économique privé. Ainsi, l'AWEM à enregistré à septembre 2009 pas moins de 515 permanisations sur les 27 904 demandes. Au mois de mars 2010, la direction de l'emploi a compté 89 permanisations directes seulement à travers le DAIP. Par ailleurs, des secteurs névralgiques comme le tourisme et l'industrie n'arrivent plus à décoller.