Yerbah man zar mabnaï, (Sera récompensé qui aura visité mon sanctuaire). Le medh de Sidi Abdelkader El Djilani est déterré des poussiéreux knene, manuscrits, du saint patron de la capitale des Hammadites par Cheïkh Sadeq El Bedjawi. Le « boulboul » du vieux et pittoresque quartier des Cinq Fontaines, de son appellation commune, Qahoua n'Zoubir, nous a, comme dans l'esprit de la qasida, invités à un retour sur sa vie et son œuvre, l'espace d'un week-end à la maison de la culture de Béjaïa. Notre intrusion dans le parcours du maître du hawzi est, à bien des égards, plutôt timide. A en juger par un legs au patrimoine lyrique, à tout point de vue volumineux. La vista et l'inspiration fertile de l'enfant de Houmet Bab El Louz auront rayonné sur la musique andalouse de Tetouan à Qairaouan. Plus de 400 qasidate et plus de 300 textes en kabyle, tous consignés à la Sacem de Paris. L'exposition de ce week-end et la projection d'un film documentaire ont dévoilé le parcours et toutes les palmes glanées à une échelle maghrébine. On est ainsi revenu sur tout le généreux travail de pédagogie et de transmission du savoir-faire du maître. En témoignent les sociétés qu'il a structurées. Echabiba en 1938, Chabab El Fenni en 1940, El Inchirah en 1944, l'orchestre de la maison de la radio, etc. Jouant de tous les instruments et alternant tous les modes, Cheïkh Sadeq El Bedjawi a, juste reconnaissance devons-nous concéder, incontestablement participé à sortir la musique des hawaza au-delà des jardins et des remparts des citadelles de Tlemcen. La manifestation a été rehaussée par la présence des enfants du Cheïkh et les sociétaires du conservatoire de Béjaïa. En soirée, le public a été gratifié de noubate du répertoire hawzi de Cheïkh Sadeq et magistralement interprétées par les orchestres du conservatoire et les anciens élèves, à leur tête, celui qui aura marqué, par sa longévité, l'orchestre-pilote de l'école, Cheïkh Mohamed Raïs. Une page savante a été glissée dans le programme de la commémoration, des conférences animées par Abdelkader Bendaâmache, Abdelmadjid Merdaci et Fatah Imloul. Les thématiques sont articulées autour de l'origine de la musique andalouse et de son influence sur la musique contemporaine. Béjaïa qui goûte au chaâbi, qui goûte à l'andalou. A quand donc un projet de construction d'un édifice, assujetti aux normes de notre époque, d'un véritable conservatoire pour juguler toute la demande de formation et aider à éclore les jeunes talents de Béjaïa l'andalouse ?