De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Les travaux du colloque international «Sidi Boumediene, une voie, une œuvre» se sont ouverts dans la soirée de mercredi dernier à la maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen, en présence de nombreuses personnalités religieuses, des cheikhs de zaouïas et de nombreux professeurs et chercheurs d'Algérie et de différents pays étrangers, notamment de Tunisie et de France. La rencontre dont le thème central est la vie et l'œuvre du saint patron de la ville de Tlemcen qui était surnommé «cheikh echouyoukh» (le maître des maîtres) a été animée par plusieurs conférences et communications. Le Dr Mustapha Cherif de l'université d'Alger dira à propos de Sidi Boumediene que «nous avons un patrimoine extraordinaire sur le plan culturel». Aussi devrions-nous avoir une vision globale et précise de ce patrimoine, et actualiser cette mémoire. «Sidi Boumediene est une référence et un symbole. Il a combattu auprès de Salah Eddine El Ayoubi, il a redynamisé la voie du prophète et nous a appris que le musulman doit être ouvert sur la civilisation», tient à ajouter notre interlocuteur. «Sidi Boumediene nous a appris comment vivre ensemble. Il a donné un sens à la tolérance et l'interconnaissance. Il nous a appris des valeurs extraordinaires», a-t-il souligné. Cette première journée du colloque a été également marquée par la projection en avant-première du film documentaire Voyage au cœur des zaouïas d'Algérie réalisé par Abdelatif Merah sur un scénario de Sari Ali Hikmet. Abdelatif Merah expliquera que le film d'une durée de 1 h 42 mN, qui évoque la vie au sein des zaouïas en Algérie, est «un voyage dans le monde de la spiritualité». Pour sa part, le Dr Sari Hikmet précisera que le film parle en fait des grandes confréries qui ont été créées ou se sont établies en Algérie, comme la quadra, la ramander et la moussage, qui couvrent le Sahara et s'étendent jusqu'au Sahel. «On n'a pas parlé des 1 000 zaouïas qui existent mais des zaouïas représentatives. On a voulu un film qui fasse un équilibre entre l'académisme pur et cette pratique sociale, parce que le soufisme est une réalité sociale et culturelle que nous avons voulu mettre en valeur», ajoutera-t-il. D'autres conférences seront données lors de la deuxième et dernière journée du colloque, dont celle du Dr. Temüjin Benaïssa de l'université de Tlemcen dans laquelle il a parlé des karamate en référence au cheikh Al Alawi, en affirmant que Sidi Boumediene et ce cheikh avaient vécu, tous deux, une expérience soufie léguant un grand héritage de textes. Le professeur Mohamed Saïdi de Tlemcen a fait, lui, une lecture analytique des karamate de Sidi Boumediene à travers laquelle il a souligné toute la dimension soufie dans les textes de cette personnalité et l'importance de l'interaction entre la légende, le rituel et le mythe. Le colloque sera clôturé par une série de recommandations. Avant d'en donner lecture, le président du colloque, le Dr Sari Ali Hikmat, fera d'abord une première évaluation de cette rencontre qui, selon lui, est une réussite totale au vu de la qualité des participants et des travaux qu'ils ont présentés. S'agissant des recommandations, le Dr Sari plaidera pour l'institutionnalisation du colloque Sidi Boumediene. Les participants ont également recommandé le rassemblement de tous les manuscrits de Sidi Boumediene qui se trouvent dans de nombreux pays, la réalisation d'un film documentaire sur cette personnalité, la création d'un musée qui lui sera dédié, et d'un centre de rayonnement spirituel soufi ainsi que l'instauration du prix Sidi Boumediene qui devra couronner les travaux les plus émérites. Les actes du colloque seront publiés dans les prochaines semaines. Le colloque s'est clôturé par une visite guidée aux sites, monuments et lieux de culte que compte la wilaya de Tlemcen, dont le site où repose le saint patron de la ville, Sidi Boumediene. La mosquée, la qobba et la medersa de Sidi Boumediene datent du XIVe siècle. C'est le sultan mérinide Ali Abou Al Hassan qui en a ordonné la construction. Il est à noter qu'un colloque international sur ce cheikh sera organisé l'année prochaine à Tlemcen à l'occasion de là manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique en 2011». Sidi Boumediene, de son vrai nom Chouaïb Ibn Al Hussain El Andaloussi, est né vers 1126 à Cantillana, au nord-est de Séville, en Andalousie. Tout enfant, Sidi Boumediene a étudié le Coran et la théologie. Il est initié au soufisme et complète sa pratique «soufie» auprès du célèbre Abdelkader Al Djilani, initiateur de la Tariqua Quadiriya. Considéré par ses pairs comme étant le maître des maîtres, Sidi Boumediene est connu pour avoir répandu la pratique soufie dans toute l'Afrique du Nord. Il était d'une grande humilité et d'une grande modestie. Mais aussi d'une grande intelligence.