Quel substantif utiliser pour désigner une femme qui active dans le secteur de la pêche ? Une pêcheuse ? Cela ferait trop bêcheuse pour faire sérieux, dirait un adepte du jeu de mots vilains. Pêcheresse conviendrait s'il n'y avait l'idée de péché, une suspicion pas aussi indiscutable, selon ceux qui considèrent que l'activité en question est traditionnellement réservée aux hommes. Mais peu importe, ce 8 mars, à l'initiative de Mme Zerrouki, la directrice de l'école de pêche de Beni Saf, la seule femme marin-pêcheur d'Algérie, petite-fille d'une « marine pêcheresse » de Marsat El Hadjaj, va être à l'honneur. Pour la circonstance, toutes les femmes du secteur de la pêche, du moins toutes celles qui pourront faire le déplacement, seront présentes. A commencer par la directrice de wilaya de la pêche d'Alger et la directrice des études et des stages. Elles recevront le renfort des femmes gardes-côtes, des membres de l'exécutif de la wilaya de Témouchent, entre autres la directrice de l'éducation, celle des impôts, la « cheftaine » de daïra de Témouchent et différentes représentantes d'associations. Ce 8 mars, elles célébreront le fait que les cadres supérieurs du secteur de la pêche sont à 14% des femmes contre 11% de moyenne nationale de femmes occupant des postes supérieurs. C'est dire si la regrettée Zoubida Hagani, universitaire, militante de la promotion de la citoyenneté et de la culture, devrait se réjouir de savoir qu'une telle fête a lieu dans l'enceinte de l'école qui porte son nom. Rappelez-vous cette femme courage au visage amaigri par la maladie et marqué par l'émotion appelant les Oranais à vaincre la peur et à sortir massivement pour faire de grandioses funérailles à l'auteur de Ladjouad. C'était à travers un JT de 20 h, suite à l'assassinat de Abdelkader Alloula en mars 1994. C'était à une époque où seuls les officiels surprotégés osaient se montrer à visage découvert à la petite lucarne.