Le chef de l'Etat a «limogé» deux hauts gradés de l'armée, à en croire plusieurs sources. Et pas des moindres. Il s'agit du patron de la Garde républicaine, le général-major Ahmed Moulay Meliani, et du responsable de la Direction générale de la décurité et de la protection présidentielle (DGSPP), le général-major Djamel Medjdoub. Le premier est remplacé par Benali Benali, chef de la 5e Région militaire, promu à l'occasion de la Fête de l'indépendance, le 5 juillet passé, général des corps d'armée. Originaire de Tlemcen tout comme son prédécesseur, Benali Benali fait partie du cercle des vieux hauts gradés encore en fonction ; il est plus âgé que le chef d'état-major. Quant à la DGSPP, elle est confiée à l'officier Nacer Habchi. Même si la présidence de la République n'a pas communiqué à ce sujet – une tradition –, plusieurs sources assurent que ces changements inattendus sont la conséquence d'«erreurs» et de «négligences». Pour le patron de la Garde républicaine, son sort était scellé depuis au moins un mois. Limogeage Énigmatique Celui de la sécurité présidentielle serait dû à un «accident» qui s'est produit dans la résidence présidentielle, la semaine passée. Selon plusieurs sources, des coups de feu ont été tirés par deux agents de la DGSPP par «négligence». Ce qui a provoqué une panique générale dans la résidence de Zéralda où se repose le chef de l'Etat. Mais plusieurs versions ont été «savamment distillées» sur cette affaire qui reste énigmatique. De toute évidence, ces changements renseignent sur cette sorte d'état d'alerte en vigueur depuis peu, même si officiellement, la sérénité reste de mise. Il se trouve par ailleurs que souvent, des «mises à la retraite» de hauts gradés de l'armée se sont déroulées dans des conditions discutables. L'opinion publique nationale a été «sidérée» et d'ex-militaires révoltés de la manière avec laquelle trois officiers supérieurs ont été malmenés avant d'être limogés. A la veille de l'élection présidentielle d'avril 2014, le puissant patron des services de Renseignement, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général de corps d'armée Mohamed Mediène, avait fait l'objet d'attaques aussi rares que violentes de la part du secrétaire général du FLN, Amar Saadani. Un protégé du clan présidentiel. La crise de l'hiver 2014 a sans doute laissé des traces, même si tout a été fait, plus tard, pour relativiser les débordements de la phase préélectorale. Depuis, c'est la stratégie de l'équilibre qui domine les rapports. L'«incapacité» des trois pôles du pouvoir – Présidence, état-major et Services – à élaborer un «consensus» rend encore plus problématique la réactivité du pays face à la crise dans laquelle il est englué. Enfermé dans un blocage politique, en proie à une crise économique majeure et dans un contexte régional marqué par une instabilité sécuritaire menaçante, l'Algérie donne l'impression de naviguer à vue. «La recherche d'une solution à l'intérieur d'un système en fin de cycle ne fait qu'aggraver la crise, rendant l'effondrement irréversible», avertit un ancien haut dirigeant. Le chef de l'Etat qui a appelé, à l'occasion du dernier Conseil de ministres, à «la vigilance de tous», y compris dans les entreprises, pour déjouer d'éventuels «complots», est interpellé plus que jamais sur la nécessité de rechercher une solution plus large. Les acteurs de l'opposition politique n'en demandent pas plus. Une solution négociée à plusieurs, en vue de parvenir à l'instauration d'un système de gouvernance démocratique.