L'institut des télécommunications d'Oran (ITO) abrite jusqu'à demain un atelier portant sur « la gestion du spectre des fréquences ». Inaugurée hier, cette manifestation scientifique organisée par l'ITO, en collaboration avec le bureau régional arabe du réseau d'excellence arabe, a regroupé des intervenants de plusieurs nationalités arabes et africaines ainsi que des spécialistes européens. Prévu pour la cérémonie d'ouverture, Amar Tou, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC), n'a pas pu effectuer le déplacement. A usage multiple pour les besoins de sécurité (défense nationale, police, etc.), de transport (aérien, maritime ou ferroviaire), de communication (téléphonie), de diffusion audiovisuelle, la demande en fréquences a évolué avec la prolifération des opérateurs de téléphonie mobile, de radios, des chaînes de télévision, etc. Les fréquences étant une ressource limitée que les avancées technologiques ne cessent d'en repousser les limites et le délai de « saturation », il s'agit, selon Abdelkader Ibrir de l'Agence nationale des fréquences (ANF), de « garantir un niveau ambiant avec un réaménagement du spectre qui tient compte des nouveaux besoins ». Localement, ce responsable de la direction du contrôle et de l'utilisation des spectres annonce l'élaboration d'un tableau national des fréquences pour cette année 2005. Le plan international, défini et ratifié par 189 pays en 2003 a, précise-t-il, été déjà revu. Mais face au renouvellement rapide des technologies, il s'agit, selon lui, de voir comment continuer à utiliser un type de technologie sur lequel le pays s'est déjà engagé. Parmi les participants, Hassine Faouzi représente Cril Telecom Software (CTS), présenté comme « leader mondial dans la fourniture de solutions informatiques pour la gestion des fréquences et la planification de réseaux de radiocommunications ». Cette firme, qui a mis en exploitation une de ses dernières versions d'un logiciel (Ellipse Spectrum) chez l'ANF et gère le compte d'OTA (Djezzy), envisage une coopération technique avec l'ITO et le réseau d'excellence arabe. « Aujourd'hui, si vous prenez le cas de l'Algérie qui a déjà par exemple deux opérateurs privés de téléphonie mobile, on ne peut déjà plus parler de réseau strictement national », relève M. Faouzi pour qui « dans le domaine des fréquences, on est passé d'une gestion administrative à une gestion technique et on s'achemine maintenant vers une gestion économique ». Ce dernier aspect tient compte de l'idée de commercialiser cette ressource, mais le consensus n'est pas encore bien établi. Contrairement à la Grande-Bretagne qui préconise une libéralisation totale avec une dépendance exclusive des lois du marché, un autre pays européen d'envergure comme la France hésite encore. L'expérience française a été bien mise en évidence dans l'intervention de Michel Scharr qui a axé sa première intervention sur les mécanismes et les méthodes qui doivent régir l'attribution des licences. L'exigence de la qualité des équipements, les avancées technologiques, le respect d'un environnement concurrentiel garant d'un bon service au final sont autant de facteurs à prendre en considération pour cet ancien cadre d'Alcatel. M. Scharr a donné par ailleurs des exemples de durées d'attribution des autorisations : une année renouvelable tacitement pour les radios professionnelles et 15 ans pour les licences GSM. La prolifération des équipements sur les toits des immeubles, défigurant le paysage urbain, est considéré comme un problème crucial. On apprend ainsi que l'ANF-Algérie, à l'instar de l'agence française du même type, s'est également dotée d'une structure appelée commission nationale des points hauts. M. Ibrir aurait souhaité un intitulé plus significatif en parlant de points à forte concentration d'antennes. Là aussi, on compte sur l'évolution technologique pour remédier à ce « fléau » en annonçant déjà la disponibilité d'antennes nettement plus petites pour une efficacité meilleure.