Après la première phase du Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur des secteurs sauvegardés, (Ppsmvss), qui a vu 17 bureaux d'études plancher sur l'étaiement des bâtisses de l'ancienne médina, la seconde opération a consisté, selon le chef du projet Cneru et directeur de l'Ogbec, Abdelouahab Zekagh, « à élaborer une fiche analytique complète et profonde de tout le secteur dans toutes ses composantes historique, physique, sociale, économique et environnementale ». Autrement dit, « une étude globale sur la base de laquelle différents constats ont permis de procéder à des propositions d'aménagement et surtout de mettre en place un règlement de protection, de gestion et de contrôle de toute opération devant se faire à La Casbah à l'avenir, y compris l'utilisation de matériaux conformes à la tradition et dans le respect de l'ancien », explique-t-il. L'opération contreventement des bâtisses menaçant ruine n'a pas été, certes, une sinécure, car chacune des demeures est adossée à une autre, sans compter qu'il fallait s'atteler dans cette première phase à la mise hors d'eau des maisons, disent les intervenants. Mais depuis une année environ, c'est le statu quo dans cette antique cité, patrimoine matériel universel, où le touriste peine à arpenter le dédale de ses rues et venelles pour se retremper, l'espace d'une virée, dans une atmosphère conviviale et moins repoussante. Voilà, une nouvelle fois, on renoue avec le mythe de Sisyphe. On reste impuissant devant le sempiternel retour au squat des maisons après que celles-ci eurent été évacuées et leurs issues murées. Plusieurs douérate ont été réinvesties par des indus occupants – ayant bénéficié de logements –, signalent des habitants. Mais ce type d'infraction récurrent commis contre un bien culturel matériel qui crie sa douleur ne semble pas déranger le maître d'ouvrage ni susciter l'ire de la puissance publique. Certains se servent de ce patrimoine protégé comme tremplin pour avoir un logement, d'autres l'occupent comme bon leur semble en démolissant ce qui reste des éléments architectoniques. Plus, ils « piquent » l'énergie électrique et piratent les adductions d'eau potable, au risque de faire péter toute la canalisation. Lorsque vous vous aventurez à leur faire entendre raison, vous entendez des vertes et des pas mûres. Ils vous lancent crûment : « Asmaâ ya khô, on est tous des Algériens (…). De quoi tu te mêles (..) Khalahoulâk babak ? » Veulent-ils me signifier, qu'avec cette réflexion incongrue, qu'ils font partie des « Al gé riens » avec cette 3e syllabe bien mise en évidence ?