L'eau du puits est déclarée impropre à la consommation depuis 2007 .Le wali a refusé de recevoir l'association des quartiers du village. Dans une wilaya où l'infrastructure hydraulique s'est taillé la part du lion dans la distribution de la rente pétrolière dans le cadre des projets du président de la République, il se trouve encore des populations qui sont privées d'eau potable et qui, à l'aube du 21ème siècle font la queue devant les citernes. C'est le cas de Legrine, village agricole de 3 500 habitants environ, situé entre Chemora et Boulefraïs, à 72 km du chef-lieu de la wilaya de Batna. Pourtant situé à une trentaine de kilomètres du grand barrage de Koudiet Lemdouar, et à peine distant de 5 km d'un château d'eau qui alimente une ville voisine, Legrine continue de payer les frais d'une politique hasardeuse qui fait comme si le village n'existait pas sur la carte de la wilaya. En effet, l'eau du puits qui alimente le village est déclarée impropre par les habitants qui s'en passent déjà depuis 2007. L'association El Amel réunissant les quartiers du village, forte d'une analyse bactériologique de cette eau, délivrée par un laboratoire spécialisé et dûment agréé, n'a cessé d'alerter depuis cette date les autorités locales. Entre-temps, l'on soupçonne plusieurs maladies rénales, comme le goitre, qui seraient apparues au sein de la population à cause des effets de cette eau. Et pour éviter le pire, la population s'alimente depuis ce temps par des citernes acheminées d'autres villages et achetées à 40 DA le jerrican de 20 litres. L'ennui c'est que, non seulement le S.O.S de l'association n'a trouvé aucun écho auprès des élus locaux et de l'administration, mais il se trouve que les appréhensions des habitants, pourtant étayées par des analyses, n'ont pas été prises au sérieux, sachant qu'une précédente analyse effectuée par le laboratoire appartenant à la direction de la santé et de la population n'avait décelé aucun germe pathologique dans l'échantillon analysé. Legrine dépend de la commune de Boulefraïs, et le P/APC de cette commune, après maintes sollicitations, a proposé de renouveler la conduite principale du village. Proposition repoussée par l'association, pour laquelle l'origine du problème réside dans l'eau du puits ; celle-ci préconise comme solution à moyen terme d'alimenter le village à partir d'un autre puits, en attendant une solution définitive. Dépités par le peu d'intérêt accordé au village, les membres de l'association ont adressé leurs doléances au premier ministre, qui vient par le biais d'une correspondance officielle de les orienter vers les autorités locales de Batna. Or, le président Sid Ali et trois des membres du bureau de l'association se sont présentés lundi au cabinet du wali, croyant naïvement qu'ils allaient être reçus par M. Bouazgui. Leurs pas ne franchiront même pas l'antichambre du cabinet. Ils seront renvoyés de nouveau vers le chef de daïra de Timgad, dont relève le village, et la souffrance continue. Un puissant sentiment d'être victimes de Hogra se lisait sur les visages des représentants du village à leur sortie de la wilaya. Faut-il fermer la route et brûler des édifices publics pour qu'ils soient écoutés ? pourraient-ils se demander entre eux. En tout cas, l'association qui a joué le rôle de véritable soupape de sécurité contre tout débordement, semble aujourd'hui à court de solutions et dépourvue d'arguments face à la population. La balle est dans le camp des décideurs.