Les éleveurs du cheptel bovin, notamment des vaches laitières sont en plein désarroi, ne sachant plus à quel saint se vouer. Certains fellahs proposent d'autres solutions pour rebondir dans le bon sens et mettre un terme à la fatalité du déficit des aliments pour leur bétail. En effet, des agriculteurs préfèrent bénéficier des terres au niveau du sud du pays, pour constituer des stocks d'aliments pour leurs cheptels bovins. « Nous allons mettre en valeur les terres, allons les irriguer à l'aide des pivots pour une production intensive des aliments vitaux pour les vaches laitières, tels que l'avoine, le maïs, le foin nous déclare un fellah qui produit le lait de vache depuis 1970, cela nous épargnera des diktats des spéculateurs et des parasites qui n'ont rien à voire avec notre filière, en nous imposant leurs prix exorbitants dans le circuit de commercialisation des aliments pour nos vaches », ajoute-t-il. Des producteurs de lait de vache de la wilaya de Tipasa louent des espaces jusqu'à 80.000 DA / ha par mois, avant afin de mettre en valeur ces espaces agricoles et produire quelques quintaux d'avoine vert, pour faire face partiellement au déficit des aliments. Une botte de maïs est vendue sur le site à 18.000 DA, mais ce prix augmente jusqu'à 30.000 DA. C'est l'absence du contrôle des services de l'Etat qui encourage en toute impunité cette augmentation du coût de la botte. Le son, le maïs broyé, l'avoine, le foin , autant d'aliments stratégiques et incontournables pour assurer l'alimentation des cheptels , de surcroit les vaches laitières qui sont entièrement gérés par ces spéculateurs. Le quintal du maïs broyé au début de mois de septembre 2015 coûtait 2700 DA, à la fin du même mois, le prix a grimpé jusqu'à 2950 DA. Toutes ces charges avaient pris leur envol, alors que le prix d'un litre de lait chez l'agriculteur demeure inchangé, soit 34 DA le litre, tandis que la subvention de l'Etat est restée figée à 12 DA. Au total, le fellah déjà sous le poids des charges constate avec impuissance que le coût de son litre de lait ne dépasse pas 46 DA. La BADR accorde un crédit d'investissement et refuse d'accorder un crédit pour l'alimentation. « La BADR exige des gages avant de nous accorder des crédits nous avoue ce fellah, mais nous ne tenons plus avec ce rythme », enchaine-t-il. Nos interlocuteurs espèrent la présence de l'Etat en amont et en aval de toute la filière lait. «L'Etat doit sévir pour protéger la filière lait , nous disent-t-ils, avec tous les moyens disponibles, l'Algérie sera en mesure d'exporter le lait de vache, malheureusement il n'y a point de sérieux, pour preuve, même les 12 DA de soutien de l'Etat, nous ne les avons pas perçu depuis plusieurs mois, d'ailleurs la vente de notre cheptel est un sujet d'actualité, nous ne pouvons plus subir le cumul de nos pertes, certes nous avons un cheptel bovin mais nous sommes pauvres, nous sommes dans l'incapacité d'aménager nos étables pour accueillir d'autres vaches et taureaux, cela devient irréversible, nous sommes contraints de vendre nos bêtes », concluent nos interlocuteurs. L'Etat tue à petit feu les fellahs qui élèvent les vaches laitières, tel est le sentiment qui se dégageait lors de nos discussions avec les agriculteurs . Contacté par nos soins au sujet de cette subvention qui n'est pas versée aux fellahs, Sidhoum Rabah, le D.S.A de Tipasa affirme, « il faut que je sache le problème comment il se pose, mais je dois vous dire que la solution aux difficultés de ces fellahs existe, notre Ministère de tutelle l'a identifiée, en décidant que le paiement des éleveurs-producteurs de lait se fera depuis la DSA à partir de janvier 2016 précise-il, une discussion entre le conseil Interprofessionnel de la production laitière et notre Ministère avait été engagée, afin de trouver les voies et moyens à même de satisfaire les agriculteurs et cela va aboutir incessamment », conclut Sidhoum Rabah. La grande ferme du grand éleveur Tiar Brahim, située à Sidi Rached reçoit régulièrement les délégations officielles nationales et internationales, pour montrer que la filière lait se porte merveilleusement bien dans la wilaya de Tipasa. En fait, la production laitière annuelle dans la wilaya de Tipasa avoisine 40 millions de litres, selon les statistiques officielles. Pour survivre, les éleveurs ne veulent pas livrer toutes leurs productions laitières aux collecteurs. Les problématiques de la filière lait continuent à surprendre.