Des centaines d'éleveurs de la filière bovine laitière et producteurs de lait cru, venus de huit wilayas du pays, ont tenu, hier, un rassemblement de protestation devant la zone d'activité Taharacht de la daïra d'Akbou, où activent plusieurs unités de laiterie, pour dénoncer le mutisme des pouvoirs publics et exiger une prise en charge sérieuse de leurs revendications socioprofessionnelles. Ce rassemblement vient suite à la grève illimitée déclenchée par ces agriculteurs, depuis le début du mois de juin, pour tirer la sonnette d'alarme quant aux difficultés que traverse cette filière. Ces protestataires, qui accusent les laiteries «de s'enrichir sur leur dos», ont soulevé essentiellement les problèmes de la cherté des fourrages et de l'aliment du bétail, ainsi que l'insuffisance des aides financières octroyées par l'Etat aux exploitants agricoles de la filière bovine laitière. «Les prix des fourrages et de l'aliment du bétail sont excessifs. Une botte d'avoine est à 1200 DA, une botte de paille est vendue à 650 DA, alors que la semence d'avoine est cédée à 10 000 DA le quintal. Nous ne pouvons pas continuer de travailler à perte», tempête le président de l'Association des éleveurs bovins de la wilaya de Béjaïa. Ce dernier craint la disparition pure et simple de cette filière, si l'Etat n'intervient pas par des mesures incitatives. «Plusieurs éleveurs ont déjà commencé à vendre leur cheptel», s'est-il inquiété. Pour mettre la pression sur les pouvoirs publics et afficher leur détermination à aller jusqu'au bout dans leur mouvement de protestation, ces éleveurs ont procédé à la distribution du lait de vache gratuitement à des citoyens. Pour sauver leur filière «d'un naufrage certain», ces éleveurs réclament l'indexation du prix du litre du lait cru aux coûts de l'aliment du bétail et du fourrage, la mise en application de toutes les circulaires relatives à l'accompagnement de cette filière et garantir la stabilité des prix des fourrages. «Nous demandons à l'Etat de revoir à la hausse le prix de revient du litre de lait cru, qui est actuellement à 12 DA», a-t-on exigé. Visés également par cette action de protestation, les collecteurs de lait cru au profit des laiteries, et surtout pour ce qui est des causes de la crise que traversent les éleveurs de la filière bovine laitière, s'en lavent les mains. «C'est la cherté des fourrages et de l'aliment du bétail qui est à l'origine de cette crise. Cela est indépendant de notre volonté. C'est à l'Etat de trouver des solutions aux problèmes que rencontrent ces éleveurs», s'est défendu un collecteur de lait cru de la wilaya.