L'action est, à première vue, impulsée par le non-paiement de leur dernière mensualité. «On en a ras-le-bol de ces retards. Nous attendons notre salaire depuis huit jours, et le mois d'avant, ce n'est qu'après 5 jours de la fête de l'Aïd que nous l'avions perçu», tempête un ouvrier rencontré devant le portail de l'entreprise. Mais à y voir de plus près, la mauvaise gestion de la paie n'est pas le seul mal qui ronge l'entreprise. En février, les travailleurs ont soumis une plateforme de revendications à l'administration de l'Algérienne des réalisations et constructions du centre (ALERC-C) de laquelle relève l'EPLA, égrenant de multiples problèmes. Qu'en est-il huit mois plus tard ? Hormis la nomination d'un nouveau directeur, la situation des travailleurs demeure peu reluisante. Ce qui fait dire à un travailleur que «tout est fait pour liquider l'entreprise en douce», comme est scellé le sort de beaucoup d'entreprises publiques. Ce climat de suspicion est conforté par l'énigmatique stockage d'un outillage de pointe flambant neuf, acquis il y a plus d'une année, pour renforcer l'outil de travail, vieux de plus de 30 ans. Si ce matériel est destiné à redynamiser la production, il est temps de le déballer car «nous sommes là pour travailler», soutiennent les employés. Et à plus forte raison, l'unité dispose d'un plan de charge de 14 milliards de centimes au niveau d'Adrar. Où est donc le problème ? Rien n'est en vue. Et de dénoncer le «flou» et «l'absence de communication» entre les travailleurs et l'administration. Ces deux tares se sont, en effet, exacerbées quand, dénonce notre interlocuteur, les travailleurs en débrayage ont appris, avant-hier, qu'ils sont représentés à leur «insu» par un syndicaliste auprès de la direction, à Alger. Contacté par nos soins, le directeur, Ouaghlissi Abdelmalek, à la tête de l'usine depuis 5 mois, explique le retard accusé dans le payement des salaires par un problème de trésorerie et de créances. «L'entreprise est en bonne santé, mais elle a plus de créances que de dettes», révèle-t-il. Et de rassurer : «Les travailleurs seront payés au plus tard dans une semaine». Mais l'autre problème invoqué par le directeur et qui explique, du moins présentement, la descente aux enfers de l'entreprise, c'est le passage de celle-ci sous l'égide de l'ALERC-C. Selon lui, il s'agit d'une restructuration-réorganisation de l'entreprise en pleine phase de transition. Passée cette phase, l'EPLA de Béjaïa relèvera-t-elle la tête un jour ? Tout dépendra de la détermination des travailleurs à défendre leur usine.