C'est la deuxième action de contestation enclenchée par les travailleurs, mercredi passé, pour attirer l'attention de la directrice générale, Belkhir Ilham, sur «la dégradation et la faillite» vers laquelle se dirigerait leur entreprise. Au milieu de la cour de l'unité, des camions en panne, de la tôle, des chutes de matière première (aluminium) font le décor du parking. A l'intérieur des ateliers, du matériel flambant neuf, non utilisé, côtoie un vieil outillage des années 70. «Depuis 15 mois, nous venons chaque matin pour pointer la fiche de présence puis nous tournons les pouces jusqu'à 16h sans travailler», dit d'emblée un ancien ouvrier de l'usine. Un autre travailleur fulmine : «nous avons l'impression que les responsables de cette unité veulent sa liquidation car depuis deux ans aucun investissement sérieux n'a été engagé. Au fil du temps, nous constatons que les conditions de travail se dégradent, l'unité a perdu une grande part du marché puisque nous ne produisons plus rien». Les travailleurs sont, également, remontés contre la disparité des salaires qui sont appliqués dans les trois unités de l'EPLA (Alger, Oran et Béjaïa). La mise en œuvre de la seule convention collective signée n'est pas équitable, selon eux. D'autres contestataires croient avoir un indice de «la mise à mort volontaire» non souhaitée de l'unité de Béjaïa, à savoir le non remplacement des départs en retraite depuis le 26 septembre 2013 et la situation critique de la trésorerie que la direction générale peine à renflouer sachant qu'elle a les moyens de redresser la situation, selon nos interlocuteurs. Rencontré dans son bureau, le directeur de l'unité par intérim, Merabet Atmane, a estimé que «l'insuffisance de la trésorerie, induite par le non recouvrement des créances du fait des prestations pour les clients de l'unité, dont des entreprises du secteur du bâtiment et des établissements publics, est derrière l'arrêt du travail». Néanmoins, en attendant de trouver les solutions idoines avant la reprise de la production, le directeur par intérim a affirmé que les salaires des travailleurs, moins d'une centaine d'ouvriers, sont assurés par la Direction générale.A ce propos, il explique qu'il a adressé des correspondances aux mauvais payeurs, dont des établissements publics, avant d'informer la direction générale de l'EPLA. En manque de commandes, l'unité a du recourir à la D.G, selon notre interlocuteur, afin de négocier un contrat pour la prise en charge d'un chantier à Adrar que l'unité d'Alger devrait céder à l'unité de Béjaïa. Depuis deux ans, l'unité n'a effectué qu'un seul investissement, celui de l'acquisition de deux nouvelles machines d'une valeur de plus de 15 milliards de dinars dont une seule a été installée. En attendant une issue à ce blocage, les deux parties, la directrice et les travailleurs, doivent se décider qui d'entre eux effectuera le déplacement, à Alger ou à Béjaïa, pour discuter autour d'une table des problèmes de l'unité. Car pour le moment, la directrice générale ne serait pas prête à effectuer une visite à Béjaïa, en tant que responsable de l'entreprise, comme souhaité par les travailleurs, à en croire ces derniers. Pour reprendre la dernière phrase lâchée par l'intérimaire, mais sans qu'il ne donne plus d'explications, «quelqu'un doit céder».