Eclipsée de l'actualité par le football, la grève des médecins généralistes et des spécialistes de santé publique est sur le point de boucler la cinquième semaine pour les uns, la quatrième pour les autres, et ce dans l'indifférence générale. Hier encore, rassemblés à l'intérieur de l'hôpital Mustapha, un important dispositif policier les a empêchés de sortir manifester. Indifférence générale donc à l'exception toutefois des malades qui vivent un vrai calvaire dans les hôpitaux, même le service minimum est difficilement assuré. Une situation devenue encore plus dramatique avec l'arrêt de travail décidé par les personnels paramédicaux. Les uns et les autres revendiquent, entre autres, la révision des salaires et de nouveaux statuts particuliers. La responsabilité de la dégradation de la situation incombe d'abord au ministère de la Santé qui refuse le dialogue. Plus grave encore, les syndicats des médecins ont dénoncé le mépris du docteur Barkat, ministre de la Santé, qui aurait traité les grévistes de « chiens ». Faut-il alors s'étonner que ceux qui considèrent que l'on a manqué de respect à leur égard campent sur leur position et durcissent le ton, décidés à en « découdre » avec ceux qui les ont insultés. L'échec de la gestion du secteur de la santé, en proie à des soubresauts périodiques des différentes corporations depuis des années, n'explique pas à lui seul le mépris affiché par la tutelle. Les déboires de la campagne de vaccination contre la grippe A ont mis à nu l'incapacité du ministère à sensibiliser la population et à la prévenir contre tout risque de pandémie. Que ce soit en situation normale dans la gestion quotidienne du secteur ou en situation exceptionnelle comme on l'a vu avec la grippe A, il aura fait preuve de graves lacunes, au point que dans plusieurs wilayas la population a tout simplement refusé de se faire vacciner. Cette incurie aura malheureusement fait des victimes, un médecin à l'hôpital de Sétif est décédée une trentaine d'heures après avoir été vaccinée. Un décès qui suscite jusqu'à présent de lancinantes interrogations que la tutelle n'est pas parvenue à dissiper. La seconde victime, cas moins dramatique, résultat de la « vindicte bureaucratique », a été sans aucun doute le directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie, relevé de ses fonctions en pleine polémique sur la vaccination des personnels de santé. Le risque d'épidémie de grippe A dépassé aujourd'hui puisque aucun décès n'est enregistré depuis plusieurs semaines, on ne sait toujours pas quoi faire des commandes de près de 20 millions de doses de vaccin faites par le département de Saïd Barkat, alors que partout ailleurs à travers le monde, on songe à les annuler au grand dam des laboratoires pharmaceutiques. C'est dire que dans cet état de « non-gouvernance », les médecins ne sont pas près de trouver une « oreille » attentive de la part du ministère de la Santé.