On a pu le voir mercredi dernier dans l'émission Les spécialistes Maghreb, sur le bouquet de Canal+, pour analyser la Coupe d'Afrique des nations qui s'achève dimanche en Angola. Guy Roux revient pour El Watan Week-end sur cette compétition et sur l'état du football africain. Vous avez sûrement vu le match Algérie-Côte d'Ivoire en quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations. Quelle appréciation faites-vous de la prestation de l'équipe algérienne ? A partir d'un quart d'heure de jeu, l'Algérie a été seule sur le terrain. La Côte d'Ivoire n'a procédé que par des actions individuelles. Donc, les deux buts, qui ont été marqués, étaient tout à fait mérités. Et la victoire, par conséquent, était méritée. L'Algérie a fait preuve de beaucoup de jeu collectif, d'une meilleure forme physique et d'une combativité plus forte. Et comment expliquer l'effondrement de l'équipe ivoirienne qui est pourtant mondialiste ? Je pense que les joueurs qui évoluent dans de grands clubs n'arrivent pas à se surpasser. Ils sont un peu dédaigneux par rapport à leur sélection nationale. A votre avis, quelle équipe a plus de chance pour gagner la Coupe d'Afrique des nations ? Il est impossible de faire un pronostic puisque les matchs de la demi-finale étaient très serrés. Il faut dire, pour ne citer que cette équipe, que les Ghanéens ont surpris jusque-là... Quelle analyse faites-vous du football africain actuel ? C'est compliqué, aujourd'hui. Dans les équipes, les joueurs sont de trois catégories. D'abord, il y a des locaux, mais qui ne sont pas nombreux sauf au Malawi, au Ghana et en Zambie. Il y a ensuite les expatriés qui jouent dans les clubs européens. Et enfin, il y a des joueurs, comme l'Algérien Hassan Yebda, qui sont des enfants d'expatriés de nationalité du pays européen où ils vivent. Hassan Yebda était champion du monde des 17 ans avec l'équipe de France. Et grâce à la FIFA, ces joueurs ont pu rejoindre, j'allais dire, les équipes des nations de leur grand-père. Donc, on ne peut donner une caractéristique pour un football. Le football algérien est vivace. Il a été longtemps gêné par la situation politique intérieure. Aujourd'hui que tout est entré dans l'ordre, l'équipe nationale a pu prospérer. Faut-il continuer comme cela ou former des joueurs du cru ? Bien sûr qu'il faut former. Mais le problème est que les joueurs ne resteront pas longtemps. Vous savez, l'une des forces de l'Egypte est qu'il n'y a pas de joueurs exportés. Ils ont les moyens de les garder à la maison. Et comment faire pour ne pas avoir à importer, à chaque fois, des joueurs ? Dans l'état actuel des économies des pays africains, il est impossible de ne pas recourir aux joueurs évoluant à l'étranger. Il y a aussi des paramètres à prendre en compte comme les salaires élevés pratiqués en Europe. L'histoire a fait qu'une grande partie de l'Afrique parle français, l'autre anglais et l'autre encore portugais. Ayant été à l'école, les joueurs vont évoluer dans les pays où ces langues sont parlées. Si l'on fait appel à vous en Afrique, êtes-vous prêts à venir aider les équipes nationales de certains pays ? Non ! J'ai passé l'âge. Je suis prêt à venir pour un débat mais pas pour travailler. En France, je suis consultant de Canal+ et d'Europe 1, parmi les principales radios françaises. Donc, je ne vais pas repartir maintenant. Oui, mais sur Europe 1, vous avez déclaré que vous étiez prêt à reprendre l'équipe de France ! J'ai rigolé en disant « pourquoi pas ! » C'est à prendre au deuxième degré… Théoriquement, il n'y pas de limite d'âge pour un entraîneur ! C'est vrai qu'il n'y pas de limite d'âge. Ceci est également valable pour un chef d'orchestre, un journaliste ou un écrivain. Et comment voyez-vous les chances de l'équipe algérienne en Coupe du monde en Afrique du Sud, qui aura face à elle l'Angleterre, les Etats-Unis et la Slovénie ? Vous me rappelez après la CAN, on y verra plus clair. Et ce n'est pas long à attendre ! Bio express Il détient le record du nombre de matchs dirigés en première division française avec 894 rencontres entre 1980 et 2007. Avec RC Lens en 2007, il était l'entraîneur le mieux payé de Ligue 1 avec un salaire mensuel de 100 000 euros hors primes. A 72 ans, Guy Roux est une des personnalités du football les plus connues à l'étranger. Il a récemment surpris beaucoup de monde en suggérant qu'il était prêt à reprendre la sélection de l'équipe de France de football. Même s'il plaisantait, Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football, a laissé entendre qu'il le nommait parmi les possibles successeurs de Raymond Domenech à la tête de l'équipe de France. Ce poste sera vacant après la Coupe du monde de l'Afrique du Sud. L'ancien coach d'Auxerre et de Lens avait refusé en 1993 le poste de sélectionneur national. Et en 1998, ce poste lui a été refusé. « Quand on est jeune il faut être entraîneur de club », a-t-il soutenu, en critiquant Laurent Blanc, 40 ans, pressenti lui aussi pour remplacer Domenech. La célèbre marionnette dans Les Guignols de l'info de Canal+ a profité de son image pour signer des contrats publicitaires avec plusieurs marques de vêtements sportifs.