Il connaît bien l'équipe algérienne et suit de près les performances africaines. Elie Baup, surnommé « l'entraîneur à la casquette », était l'invité, mercredi, de l'émission « Les spécialistes du Maghreb » sur Canal +. Avec El Watan Week-end, il revient sur le parcours des Verts en Coupe d'Afrique des nations et leurs chances en Coupe du monde. Vous avez sûrement suivi la dernière Coupe d'Afrique des nations en Angola. Quelle évaluation faites-vous de cette compétition ? L'équipe égyptienne, celle qui a gagné la Coupe, était collective avec un jeu offensif. J'ai été un peu déçu par la Côte d'Ivoire et le Cameroun qui ont pourtant de grands joueurs. Nous avons vu le Ghana réaliser de bonnes performances. L'Algérie pourrait faire mieux. Elle a montré les qualités qui lui permettent d'aller en Coupe du monde. Elle est sur une bonne dynamique psychologique. Au niveau du jeu, elle montre des choses intéressantes. Oui, mais qu'est-ce qui a manqué à cette équipe algérienne lors de la demi-finale de la CAN face à l'Egypte ? Il faut rappeler que la qualification a été obtenue dans la difficulté. C'était le même adversaire, l'Egypte. Il y avait une petite revanche de l'autre côté. Parfois, ça se joue à peu de chose, plus dans la dimension d'un événement que dans le jeu lui-même. Quels sont les joueurs qui se détachent dans le groupe algérien ? Je connais bien Ziani, Yebda, Mansouri et Belhadj. Je connais bien Abdoun qui a joué au FC Nantes pour la première fois. L'équipe algérienne s'appuie sur des joueurs qui évoluent principalement en Europe. L'Algérie va jouer en Coupe du monde de football face à trois équipes : l'Angleterre, les Etats-Unis et la Slovénie. Quelles sont ses chances ? L'Algérie doit y aller avec plein d'espoir. Il y aura sûrement une équipe du continent africain qui fera un bon parcours en Afrique du Sud. Dans le groupe du Mondial, l'Algérie a sa place. Il faut de l'audace, de la rigueur et de la discipline. Une équipe comme celle de l'Angleterre est redoutable, avec Capello comme coach ! C'est une équipe d'Angleterre à l'italienne ! En somme, de la rigueur et de la discipline. L'Algérie a pour elle la créativité, l'enthousiasme et d'autres choses qui peuvent l'aider à bousculer du monde. Il est vrai qu'en théorie, l'Angleterre a l'air d'être favorite. Dans les quarts de finale de la Coupe du monde, on retrouve toujours les mêmes nations. Plusieurs équipes africaines sont également engagées en Coupe du monde. Quelles sont celles qui ont le plus de chances de marquer leur présence au Mondial ? Chaque équipe a des qualités. Si l'on réfléchit en termes d'individualités, on va dire la Côte d'Ivoire. L'Algérie et le Ghana peuvent créer des surprises. Il faut s'y préparer. C'est la première fois que la Coupe du monde est organisée en terre africaine. C'est peut-être le bon moment pour qu'une équipe de ce continent aille loin dans la compétition. Qu'en est-il de l'équipe de France qui s'est qualifiée laborieusement face l'Irlande ? Est-elle au meilleur de sa forme pour affronter le Mondial ? Aujourd'hui, non. J'espère que les choses vont s'améliorer. Il y a beaucoup de maladresses. On commence déjà à parler du nouveau sélectionneur après la Coupe du monde. On aurait au moins dû laisser en paix l'entraîneur et les joueurs préparer le Mondial avant d'évoquer un nouveau sélectionneur. Parmi les équipes européennes, lesquelles seront les mieux placées lors de la compétition sud-africaine ? Pour moi, c'est l'Espagne. C'est une équipe qui a gagné l'Euro. Elle développe un football de qualité au niveau de la construction de jeu. C'est une équipe qui est capable d'aller en demi-finale de la Coupe du monde. Et quel regard portez-vous sur le football au Maghreb ? Je connais bien le football du Maroc, de la Tunisie et de l'Algérie. Le football maghrébin envoie beaucoup de joueurs en Europe ou au Moyen-Orient, comme au Qatar. Au Maghreb, la formation doit prendre une place plus importante. En ce sens, il faut adopter une véritable stratégie envers les jeunes. Les talents existent. Il y a des joueurs qui ont de vraies aptitudes dans le jeu offensif naturel. Il est possible d'avoir des superjoueurs avec des équipes nationales performantes. Il faut donc faire confiance aux joueurs locaux… Oui. Il faut se mettre à bien travailler dans la formation. Des joueurs peuvent aller évoluer dans des grands clubs européens. Actuellement, les joueurs algériens sont partout : en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Grèce, etc. L'Algérie a également réussi avec les joueurs qui sont dans le pays. A un moment donné, il y aura bien une équipe composée de footballeurs qui vivent dans le pays. Il est dit qu'Elie Baup est annoncé à Nice en tant qu'entraîneur. Est-ce vrai ? Aujourd'hui, les dirigeants du club de Nice ont réfléchi et vont continuer la saison avec l'entraîneur Didier Ollé-Nicolle jusqu'au bout. C'est une équipe renouvelée qui a débuté cette saison. Il n'y aura pas de changement d'entraîneur. Êtes-vous intéressé par la reprise du métier d'entraîneur ? Oui, je voudrais bien. Je peux entamer des discussions là où il y a des postes vacants. Avez-vous pensé à entraîner en dehors de la France ? J'ai fait dix ans de formation et quinze ans d'entraînement en division 1. J'ai assuré 500 matchs de première division et 80 matchs de coupes d'Europe. Je suis prêt à aller à l'étranger, mais avec quel projet ? Je suis avant tout intéressé par un projet sportif. Il ne s'agit pas de faire entraîneur pour entraîner ou aller chercher l'argent. En Afrique, il y a beaucoup d'entraîneurs européens… Oui, je suis intéressé par la prise en charge d'une sélection nationale en Afrique. Pour un club, on verra. Il faudrait qu'il soit bien structuré. Lors de la Coupe d'Afrique, l'arbitrage a été beaucoup critiqué. Que faut-il faire pour améliorer le niveau de l'arbitrage africain ? Il y a des débats, en France, sur l'arbitrage à chaque journée de championnat. Un jour ou l'autre, il faudra bien en arriver à la vidéo. Les entraîneurs sont partisans de l'utilisation de la vidéo dans la surface de réparation et dans la ligne de buts. La vidéo sera un outil qui fera avancer l'arbitrage, mais on n'est pas encore prêts à cela puisque les grandes instances telles que la FIFA n'y sont pas favorables. Vous faites du consulting à Canal+. Qu'est-ce qui vous plaît dans ce métier ? Cela me permet de prendre du recul et de mieux voir les choses. Quinze ans d'entraînement en première division fatiguent quelque peu le cerveau. Je continue à découvrir des joueurs et à voir le jeu des équipes. Cela me plaît de faire des analyses technico-tactiques de chaque match. Bio express : Elie Baup débute sa carrière dans le football à l'âge de 11 ans en tant que gardien de but à l'US Larroque, puis à l'US Toulouse et enfin à l'AS Mazamet. A l'âge de 20 ans, il est victime d'un accident de voiture qui met un terme à sa carrière de joueur. Après avoir obtenu son diplôme d'entraîneur en 1982, il est recruté à Castelnaudary, puis intègre le centre de formation du Toulouse FC en tant que responsable et entraîne entre autres Fabien Barthez. En 1991, il rejoint le centre de formation de l'AS Saint-Etienne puis est nommé entraîneur de ce club en 1994. Durant cette période, Elie Baup dirige en particulier Laurent Blanc. En 1997, il arrive aux Girondins de Bordeaux où il occupe les fonctions d'adjoint, puis d'entraîneur de 1998 à 2003. Au sein des Girondins de Bordeaux, Elie Baup inscrit ses premiers titres dans son palmarès d'entraîneur, avec notamment un championnat en 1999 et une coupe de la Ligue en 2002. Il retourne à nouveau entraîner l'AS Saint-Etienne de 2004 à 2006, puis le Toulouse FC de 2006 à 2008. En septembre 2008, il est nommé entraîneur du FC Nantes, fonction qu'il occupe pendant un an. En septembre 2009, il devient consultant sur Canal+ et participe à l'émission Canal Football Club, présentée par Hervé Mathoux.