« El youm ma nebki (aujourd'hui je ne pleurerai pas), les Algériens l'ont fait ! » : tel est le slogan chanté, hier soir, après le coup de sifflet de la « non-rencontre, puisque l'arbitre était le douzième joueur », pour reprendre le commentaire de Salah, la cinquantaine. En dépit de la défaite, les supporters sont sortis en masse, drapeaux et fanions aux couleurs de l'Algérie pour acclamer leur équipe et témoigner de leur soutien aux Fennecs, « qui n'ont pas joué ce soir ! ». Tous unanimes : « L'arbitre a cassé le jeu et achevé les Verts dès les premières minutes de jeu, en sanctionnant l'équipe nationale. Match mechri (le match a été acheté) ». Des marches spontanées ont eu lieu un peu partout dans les principales artères de la capitale, sous le regard vigilant des agents de l'ordre et des forces antiémeute postées dans les endroits stratégiques de la capitale. Les commentaires vont bon train et se rejoignent tous : « L'arbitre béninois est connu pour sa partialité et Raouraoua n'aurait pas dû l'accepter », explique Saâd. « A chaque fois que l'Algérie rencontre l'Egypte, soit ce sont des conditions de jeu anormales ou bien c'est un arbitrage au profit des Egyptiens qui est retenu », renchérit Merouane. Mais les scènes de joie intriguent âmi Mourad qui ironise au milieu de la foule : « Apparemment, je n'ai pas regardé le bon match ! ». Son ami Hocine, accompagné de ses deux filles, dit que « l'Algérie a vaincu l'injustice, c'est pour cela que les Algériens sont sortis dans la rue ». Autour de lui, un groupe de jeunes excités dansent et chantent les derniers tubes à la mode. Ce scénario « n'était pas prévu dans la tête des Algériens, on dirait que l'arbitre a reçu des consignes avec une liste à la main », comme pour expliquer la sanction par carton rouge de trois de nos joueurs. Cependant, cette joie, triste, « pourrait se transformer en un cocktail Molotov, prêt à exploser, si d'un côté les forces de police les provoquent, ou si des groupes de voyous tenteront de profiter de l'occasion de ce déferlement pour commettre leur sale besogne », avise une voix anonyme. « Mais malgré tout rassna marfou' (la tête haute) et vive l'Algérie ! », criaient hier soir les Algériens.