Déception, jeudi, à la fin du match Algérie-Egypte, à Taourirt Aden, commune de Mekla, à 35 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. La défaite de l'équipe nationale a gâché la fête au village de Hacène Yebda, milieu récupérateur des Fennecs. Ainsi, avant le début de la rencontre, la localité s'est parée de ses plus beaux atours pour une fiesta grandiose, mais le destin en a décidé autrement. Les supporters des Fennecs, déçus à la fin de la rencontre, estiment que les Verts ont quitté la course pour la Coupe d'Afrique la tête haute. « Dommage, l'arbitre de la rencontre a carrément faussé le jeu après l'expulsion injustifiée de Rafik Halliche et le penalty imaginaire accordé aux Egyptiens. Mais nous avons quand même une équipe solide capable d'aller très loin. Ce n'est pas grave, notre équipe a perdu le match, car elle a joué contre onze joueurs, soutenus de bout en bout par un arbitre qui a décidé dès le début de briser les nôtres. Il est allé, dans sa sale besogne, jusqu'à expulser trois joueurs pour des motifs fallacieux. C'est vraiment désolant de voir ce genre de pratiques dans les stades », déplore Dda Mebarek, le père de Hacène Yebda, cet homme modeste et humble qui est rentré de France spécialement pour vivre l'ambiance du match dans son village. Même sentiment chez sa femme, Nana Djedjiga qui n'avait cessé, tout le long du match, d'acclamer à distance les Verts. « Il faut dire que tout le peuple est derrière cette équipe, grands et petits, dans les moments de joie et de tristesse. Il faut les encourager. Ils ont encore de l'avenir devant eux. Ce n'est pas la fin du monde, nous sommes qualifiés pour le Mondial, Ils sont encore jeunes. Ils n'ont pas à rougir devant ce qui s'est passé », dira-t-elle en retenant difficilement ses larmes. Dans la maison familiale de Yebda, avec ses parents, on a suivi, avec beaucoup d'émotion, les moments du match jusqu'à la fin des débats. « Le match est à notre portée », déclarait Nacer, le beau-frère de Hacène, quelques minutes avant le coup d'envoi de la partie. Mais l'arbitre en a, malheureusement, décidé autrement. L'ambiance était simplement morose dans la famille, au coup de sifflet final de l'arbitre central, la rencontre s'étant terminée par le score de 4 à 0 en faveur des Pharaons. Dda Mebarek, qui croyait dur comme fer que les Fennecs pouvaient au moins s'en sortir avec un match nul, n'a plus de mots pour exprimer ses sentiments, tant la déception est grande pour lui. Au cours du match, on ne manquait pas de critiquer l'arbitre qui n'a pas fait que donner des cadeaux au onze égyptien. Il a refilé plein de cartons jaunes et même rouges aux footballeurs algériens. « Il a tué le match dès le début. L'expulsion de Halliche, suivie d'un penalty imaginaire exécuté d'une fausse manière ont lourdement pesé sur le moral des joueurs. A dix, ce n'est pas facile de maîtriser les choses, surtout quand il s'agit de la défection d'un défenseur comme Halliche », essaye de commenter Nacer à la fin de la première mi-temps. Mais, a-t-il estimé, « l'entraîneur pourra apporter maintenant des changements qui peuvent colmater la faille en défense ». C'était le vœu des présents qui n'avaient pas perdu espoir. Toutefois, l'arbitre a récidivé encore une fois pour infliger des sanctions sans aucun fondement pour expulser Belhadj et Chaouchi. « Je savais dès le début que cet arbitre a été choisi pour disqualifier l'Algérie. Il a carrément assommé nos joueurs. Dh'elbatel ! (c'est injuste !) », clame, avec amertume, la cousine de Hacène. La déception était perceptible sur son visage. Dans la maison familiale de Yebda, les commentaires des présents convergent tous sur le fait que les Fennecs sont victimes d'un complot orchestré pour arrêter leur montée en puissance. « On est fiers de nos joueurs. On doit faire la fête malgré la défaite, car notre équipe est sortie avec les honneurs. C'est une défaite injuste », commente la tante de l'enfant prodige de Taourirt Aden. Quelques minutes après la fin du match, Dda Mebarek reçoit un appel téléphonique de France. C'est son fils Karim qui est au bout du fil. « Oui, mon fils, on a été injustement éliminés par l'arbitrage. Hacène a très bien joué. Il a même failli marquer un but… », lui a-t-il répondu. « Oui, en France, mes enfants ont suivi tous les matchs de l'équipe nationale », nous a-t-il dit avant de nous parler un peu de l'itinéraire de son fils cadet. « Dès l'âge de 7 ans, Hacène a commencé à jouer au football. Il n'aimait, d'ailleurs, pas trop l'école comme il aime le sport. Ses six autres frères, 4 filles et 2 garçons, ont tous des diplômes universitaires, sauf lui, car, le jour où il devait passer son bac, il était en sélection. Ce n'est pas grave quand même. Il a fait son choix. Quand les dirigeants de notre équipe nationale l'ont appelé, il n'a pas hésité à venir pour honorer notre pays », nous a-t-il ajouté. Il était minuit quand nous avons quitté la maison des Yebda, laissant les membres de sa famille tentant de surmonter la déception provoquée par l'arbitrage scandaleux qui a caractérisé le déroulement du match. Malgré la défaite, les Verts demeurent toujours dans le cœur des habitants de Taourirt Aden, cette bourgade, sortie de l'anonymat grâce au talent et aux performances d'un de ses enfants, Hacène Yebda.