Plusieurs cafés et bouis-bouis ont reçu dernièrement la visite des services du commerce leur enjoignant de libérer les abords de leurs locaux commerciaux des tables et chaises. Il s'agit de mettre de l'ordre dans une cité où l'anarchie du négoce est maître des lieux. La décision n'est pas gratuite, dans la mesure où le souci majeur des autorités publiques demeure la décongestion de l'espace urbain. Le quidam aura à le constater du côté du marché ex-Nelson, où les cafés longeant les arcades sont tenus de se conformer à la réglementation, en attendant l'agrément qui leur permet de se servir des « terrasses ». Soit. Sauf qu'il aurait été plus judicieux de faire dans la bonne mesure. Car une autre catégorie de contrevenants sévit sans coup férir sous l'œil complice des autorités. Ils sont d'une autre étoffe et n'ont cure des désagréments causés à longueur de journée aux automobilistes et piétons. « L'habitude est une grande sourdine », disait, à juste propos, Samuel Beckett. Une citation qui nous renseigne sur cette « force » qui brave le formel, squattant accès immédiats des marchés et leurs alentours, halls d'entrée d'immeubles, ruelles et venelles, etc. Il faudra slalomer pour regagner ses pénates non sans enjamber les éventaires disposés en enfilade à même le sol. Un négoce qui continue allégrement à faire ses choux gras et récolter de juteux dividendes devant l'inertie de la puissance publique qui peine à l'éradiquer, du moins le freiner, au même titre d'ailleurs que ces jeunots-voituriers qui, munis de battes, menacent les automobilistes qui osent ne pas leur remettre la thune en quittant le stationnement. « Pourquoi cette pratique de la politique des deux poids deux mesures », s'interrogent petitement les gérants de café qui se voient privés « injustement » des espaces plus ou moins attitrés depuis des lustres et qui plus est, ne gênent pas la fluidité piétonne ! Une virée du côté des rues Ahmed Bouzrina (ex- La Lyre) et Ali Amar (ex-Randon) ou encore les environs des marchés Zoudj Aâyoun et les Trois Horloges nous édifie sur un constat amer, au point où un empan dans une rue commerçante est cédé à 20, voire 30 millions de centimes. Qui dit mieux ?! Un moyen qui sert à résorber le chômage, me diriez-vous ! Et que dire des légumiers rétifs qui refusent de regagner le marché Ali Amar réalisé à coups de milliards de centimes, mais qui reste à moitié vide ? Ceux-là mêmes qui imposent leur diktat en refilant leurs produits maraîchers et fruitiers sur la chaussée car, tout bonnement, ils racolent mieux le chaland, sans souscrire à la moindre taxe. Plus, en laissant derrière eux des tonnes de détritus que les « naqqayîne » de Netcom, qu'on affuble importunément du nom de « zeballine », s'escriment à débarrasser chaque jour que Dieu fait.