Contraints “d'occuper” à leur tour la chaussée, les piétons sont souvent harcelés par les automobilistes. Pis, des accidents parfois mortels ont été enregistrés en raison de l'occupation des trottoirs. Les citoyens d'El Oued se plaignent, depuis quelques années, d'une anarchie flagrante relative à l'ordre public. Presque tous les trottoirs des rues marchandes de la ville et des faubourgs sont devenus de véritables impasses. Les droits des piétons sont confisqués au vu et au su des pouvoirs publics. Les commerçants ont occupé les lieux, initialement réservés à la circulation piétonnière, comme extensions à leurs activités commerciales. Des marchandises de toutes sortes sont étalées : produits alimentaires, fruits et légumes, vêtements, produits cosmétiques et autres. Il ne s'agit nullement de commerce informel, car ces marchandises appartiennent à des commerçants qui possèdent des registres du commerce légaux et cette pratique est largement répandue dans toutes les localités de la région. Certains d'entre eux ont planté des poteaux électriques et construit carrément des grilles. D'autres ont installé tables et chaises devant leur café ou restaurant sur les trottoirs, en s'appropriant les lieux, interdisant le passage aux citoyens. Le phénomène ne cesse de s'accroître et aucune autorité n'est intervenue pour mettre un terme à l'anarchie et rendre aux piétons le droit d'utiliser librement ces petits espaces vides que la loi leur a réservés. Les passants sont fréquemment contraints de descendre sur la chaussée. “Quand je me promène, je marche sur la route pour éviter les trottoirs obstrués par des marchandises et, en marchant sur la chaussée, ce sont les automobilistes qui vous apostrophent ou vous klaxonnent. On n'a plus le choix”, a expliqué un citoyen mécontent. Par ailleurs, des dizaines d'accidents ont été enregistrés au niveau des principales artères de la ville à cause des “embouteillages” sur les trottoirs. Quand ce ne sont pas les commerçants, ce sont les automobilistes. Des voitures, tous types confondus, stationnent, le matin, le soir et la nuit sur les trottoirs se trouvant au cœur de la ville. Selon des témoins, les victimes sont souvent des personnes âgées et des enfants qui, en rentrant de l'école, marchent sur la chaussée. “À quoi servent les trottoirs s'ils ne sont pas utilisés par les piétons ?” s'est plainte une vieille femme à un épicier, à la place de Mellah, qui tentait, en vain, de se frayer un petit passage sur le trottoir occupé par des marchands. “Les trottoirs ne sont pas faits pour les marchandises”, lui a-t-elle déclaré en le regardant en face, avant de descendre lourdement sur la chaussée. L'absence des agents de l'ordre public a porté atteinte à l'opération embellissement engagée par les autorités locales, à savoir des centaines d'arcades réalisées le long des principaux boulevards, etc. Bien qu'ils soient appréciées par la population, ces réalisations restent insuffisantes tant que l'anarchie de l'occupation les trottoirs continue à détruire le paysage d'El Oued. KHALDI B.