En recourant à l'émeute pour défendre leur commerce, illégal, illicite et dangereux pour la santé publique, des jeunes cherchent à faire du chantage pour asseoir l'anarchie. Il faut dire qu'à plusieurs reprises, par le jeu de la manipulation, ce genre de violence a été vite assimilé à des revendications citoyennes. Les stigmates des troubles de la veille étaient toujours visibles, hier matin, dans la principale rue de la cité 500-Logements, en plein centre-ville de Bordj Bou-Arréridj, qui a connu une nuit très agitée. La cité était, lundi dernier, tout juste après le f'tour, le théâtre d'affrontements entre des jeunes manifestants et les éléments des forces de l'ordre. Les heurts se sont poursuivis jusqu'aux environs de minuit. Tout a commencé, selon des témoignages concordants, au moment où les forces de l'ordre ont tenté de libérer les trottoirs de ces dangereuses gargotes informelles qui ont poussé ces derniers temps comme des champignons. La situation a, en un laps de temps, dégénéré. Les jeunes du quartier ont lancé des pierres et autres projectiles sur les forces de l'ordre et les voitures de particuliers qui passaient par là. Quelques policiers ont été légèrement blessés et plusieurs véhicules ont été saccagés. Le grand boulevard a été fermé à la circulation un bon moment. Ce qui a engendré un grand embouteillage en début de soirée. Vers 22h, alors que la voie publique a été dégagée, deux jeunes, qui n'ont pas accepté la décision des autorités locales de déloger toutes ces gargotes informelles, sont montés sur le toit d'un immeuble et ont menacé de se suicider. Après plusieurs heures de négociation, le commissaire de la PJ réussira à dissuader les deux jeunes, âgés de 18 ans, qui finissent par redescendre. Grâce à la bonne gestion et au sang-froid des éléments de la Sûreté de la wilaya, le calme est revenu progressivement dans le quartier sans trop de dégâts. La police n'a procédé à aucune arrestation. Toutefois, une enquête a été ouverte afin d'identifier les auteurs des incidents, car la piste de la manipulation n'est pas écartée. “L'opération s'est bien déroulée dans toute la ville sauf dans ce quartier où quelques agitateurs ont voulu imposer leur loi”, dira un policier. Une réunion entre les autorités locales et les services de police est attendue pour les prochaines heures afin de mettre en place un service de prévention, a-t-on appris de sources locales. Notons que durant cette opération de nettoyage et de lutte contre les gargotes informelles, qui va se poursuivre encore quelques jours, pas mois de 40 commerces ont été démantelés. “Ces lieux, dont bon nombre exercent dans l'informel, travaillent souvent dans l'irrespect le plus total du minimum de salubrité requis pour ce genre d'activité, au risque de porter atteinte à la santé du consommateur”, dira un officier de police. “Des jeunes de moins de 15 ans, munis de quelques ustensiles de cuisine, deviennent des restaurateurs et des chefs”, ajoute-t-il. “C'est pour le bien de la population et de la ville qu'il faut lutter contre ce genre de pratiques anarchiques qui peuvent provoquer des conséquences dramatiques à la population. C'est insoutenable de voir les gargotiers inonder les lieux publics de la ville, surtout à la tombée de la nuit. L'hygiène, la chaîne de froid et l'origine des produits inconnue engendrent irrémédiablement des maux d'estomac, des vomissements et des accès de fièvre chez les consommateurs”, dira un médecin, habitant du quartier.