Le 2 janvier, les rebelles s'étaient déclarés prêts à dialoguer avec le gouvernement si celui-ci arrêtait son offensive. La proposition avait été ignorée par Sanaa après deux trêves fin 2009. Le Yémen s'est dit prêt, hier, à arrêter son offensive de près de six mois contre les rebelles chiites dans le nord du pays s'ils acceptent les six conditions posées par Sanaa pour un retour à la paix, en réponse à une initiative du chef des insurgés. « Le gouvernement est prêt à cesser les opérations militaires à Saâda si les Houthis (rebelles) s'engagent à commencer par appliquer les six points annoncés précédemment par le gouvernement, dont l'engagement à ne pas agresser le territoire saoudien et la libération, sans tarder, des prisonniers yéménites et saoudiens », a indiqué le Conseil de défense nationale dans un communiqué. Cette instance réunit les chefs des armées et des services de sécurité du pays et a reçu pour mission de conduire l'offensive contre les rebelles dans le Nord depuis qu'elle a été déclenchée le 11 août. Les rebelles, aguerris et servis par leur connaissance du terrain accidenté du nord du pays, tiennent tête à l'armée yéménite en accusant le pouvoir central de ne pas reconnaître leur identité de zaïdites, les adeptes d'une branche du chiisme. Sanaa dément ces accusations et soutient que l'Iran est derrière la rébellion. Outre les milliers de morts, les guerres successives entre l'armée et les rebelles ont fait quelque 250 000 déplacés depuis 2004, a indiqué, vendredi, le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Si les rebelles acceptent les six conditions, « le gouvernement ne verra pas d'inconvénient à un arrêt des opérations militaires, selon une procédure bien définie, de nature à prévenir la reprise des hostilités, à rétablir la paix, à assurer le retour des déplacés dans leurs villages et à reconstruire ce qui a été détruit par la rébellion », a ajouté le Conseil de défense nationale. Auparavant, une source gouvernementale avait rejeté l'offre de paix formulée samedi par le chef des rebelles, Abdel Malek al Houthi, en arguant qu'il avait ignoré le sixième point qui les engage à ne pas attaquer le territoire du royaume saoudien, un pays voisin. Dans un message, le chef rebelle avait renouvelé son « acceptation des cinq points (du gouvernement pour mettre un terme au conflit), mais après l'arrêt de l'agression », sans évoquer ce sixième point. L'engagement à ne pas agresser l'Arabie saoudite avait été ajouté à la suite de l'armée saoudienne dans les combats, le 3 novembre 2009, après la mort d'un garde-frontière tué par des rebelles infiltrés dans le royaume. Les rebelles avaient annoncé, le 25 janvier, leur retrait du territoire saoudien, à l'issue de trois mois d'affrontements avec l'armée saoudienne. Ryad a affirmé pour sa part avoir chassé les rebelles de son territoire, tout en reconnaissant que des francs-tireurs sévissaient toujours. Outre ce point, le gouvernement exige des rebelles d'« observer un cessez-le-feu, ouvrir les routes, déminer et évacuer les hauteurs », de « se retirer des bâtiments publics et ne pas intervenir dans le fonctionnement de l'administration locale », de « restituer les biens publics et les armes saisies », de « libérer les détenus civils et militaires, y compris les Saoudiens », et de « respecter la loi et la Constitution ». Les combats se sont poursuivis après la proposition de paix des rebelles, faisant 24 tués dans leurs rangs si on en croit les autorités de Sanaa. Le 2 janvier, les rebelles s'étaient déclarés prêts à dialoguer avec le gouvernement si celui-ci arrêtait son offensive. La proposition avait été ignorée par Sanaa après deux trêves fin 2009 qui n'avaient, à chaque fois, tenu que quelques heures.