La cherté du voyage et le manque de structures d'accueil n'ont pas dissuadé les touristes nationaux de visiter la perle du Sud, Tamanrasset, en ce temps glacial de fin d'année. Une demande impressionnante a été enregistrée par les voyagistes, qui ont remis leurs véhicules en marche et dépoussiéré les équipements de voyage pour renouer derechef avec l'aventure et le tourisme sahariens après plus de cinq ans de marasme et de stagnation. Mohammed Sollah, responsable de l'agence de voyages Abalema, a dû faire appel à plusieurs tour-opérateurs pour satisfaire ses clients qui ont opté pour le Grand-Sud pour passer le réveillon et bivouaquer sous les promontoires de l'Ahaggar. Comparativement aux années précédentes, «le tourisme domestique retrouve un peu de son animation cette année. Nous avons noté une demande incroyable de touristes algériens ayant changé de cap à destination de cette ville qui regorge de sites touristiques à vous couper le souffle. J'ai reçu un groupe de 30 personnes venu avec la détermination de découvrir les mythes et personnalités légendaires de la capitale de Tin Hinan», nous dit Sollah, non sans signaler les difficultés rencontrées par ses clients. En brocardant Air Algérie, notre interlocuteur a dénoncé l'absence d'équité dans les avantages tarifaires accordés, jusque-là uniquement aux voyageurs du Sud et l'arnaque des offres promotionnelles proposées par la compagnie aérienne nationale. Avis partagé par les autres voyagistes de Tamanrasset qui préconisent la révision des prix pour la destination Nord-Sud afin de promouvoir le tourisme domestique et, du coup, redonner vie à ceux qui ont tiré le diable par la queue depuis février 2010, date de l'interdiction des sites touristiques du Sud aux étrangers. «Air Algérie doit s'impliquer si l'on veut réellement relancer l'activité touristique à Tamanrasset, notamment en cette période de haute saison. La réduction des prix des billets doit être accompagnée d'un bon choix des aéronefs desservant la région avec pour finalité de satisfaire toute la demande exprimée depuis le début de la saison touristique saharienne en septembre jusqu'au mois d'avril prochain. Les ministres des Transports et du Tourisme doivent prendre des décisions pour sortir de l'ornière», suggère Abdelkrim, voyagiste. Certes, enchaîne-t-il, les touristes étrangers se comptent sur les doigts d'une main depuis la fermeture du Tassili et les restrictions imposées par les autorités pour les demandeurs de visa. La demande nationale reste toutefois importante eu égard à la saturation des campings et des structures d'accueil qui affichent, d'ores et déjà, complet. Les professionnels du secteur n'ont pas cessé de rappeler que la promotion de la destination Sud, appuyée par l'engouement des nationaux, se répercutera positivement sur le développement économique du pays.