Bali Bellahsène est à son cinquième livre-témoignage sur la guerre de Libération à laquelle il a participé en tant que fidaï de première heure à Tlemcen. En 1999, un ministre des Anciens moudjahidine visite, au SIT de la perle du Maghreb, une exposition de photos de chouhada. Un déclic. L'auteur, qui est présent, raconte en page 166 que ce haut responsable s'est exclamé ironiquement : « Tlemcen a vraiment eu tous ces martyrs ? » Depuis cette date, Bali, lui-même condamné à mort par les colonialistes à trois reprises, touché dans son for intérieur et appelé par l'âme de tous ceux qu'il a connus et tombés au champ d'honneur, s'est juré de les sortir de l'oubli et de l'anonymat en écrivant : L'Epopée d'une jeunesse saignée à blanc, édité en décembre 2009. C'est dire que depuis dix longues années, Bali fera du porte-à-porte pour recueillir les données exactes et les photos des 561 fidayine de Tlemcen sur les 11 000 martyrs que compte la wilaya. Il écrira : « Tant de jeunes et braves héros méritent incontestablement d'être immortalisés. Chaque visage, sur les photos que je garde d'eux, me rappelle les poignants souvenirs de ces années de braise. » En l'honneur et à la mémoire de ces valeureux martyrs, Bali relatera, comme dans la réalité, quelques péripéties et accrochages dans le maquis ainsi que des attentats dans la ville de Tlemcen. Il fera un détour par le refuge marocain et les camps d'Angad où l'entraînement au combat était d'une dureté où seul l'amour pour sa nation et son drapeau pouvait le faire supporter. La pensée de l'auteur ira jusqu'à ses camarades qui ont été guillotinés et dont la grâce fut refusée par un certain ministre de la Justice de l'époque qui deviendra, par la suite, président de la France, François Mitterrand. Une copie du refus au recours à la grâce du chahid Babouche Saïd Ben Mohamed, en date du 8 juin 1956, portant la mention : « Avis défavorable au recours », signé Fr. Mitterand, figure comme preuve à la page 150 du livre. Pour Bali, le témoignage pour notre histoire demeure un devoir et une obligation, il dira : « Nous nous devons de reconstituer, rapporter, graver sur la feuille et dans les esprits ce passé qui a fait du peuple algérien ce qu'il est, au travers de ses indicibles souffrances sous la botte coloniale et de son magnifique combat pour la liberté, uni autour du FLN-ALN. » Nombre de pages restent à écrire pour mettre à jour notre histoire et sauver de l'oubli les martyrs. La « vérité » a horreur du vide.